Carto n°27 la révolution, et après ? (janvier 2015)

Ne nous cachons pas derrière un voile d'optimisme au nom de l'engagement révolutionnaire. Quatre ans après le « printemps arabe », force est de constater que le Moyen-Orient n'est pas en bonne santé, que l'avenir de la région est des plus préoccupants. Car le présent n'est pas très rassurant : du chaos libyen à la guerre en Syrie, en passant par l'autoritarisme militaire en Égypte ou les exactions de l'organisation de l'État islamique, rien n'invite à envisager un futur meilleur. À défaut de voir le Moyen-Orient comme un ensemble uni, il convient de revenir sur sa géographie et ses atouts pour tenter d'avoir un regard neuf et, dans la mesure du possible, d'être « objectif ». Quelles sont les ambitions des monarchies arabes du golfe Persique ? De l'Iran ? De la Turquie ? Les États-Unis sont-ils toujours le gendarme de la région ? Les questions sont nombreuses, les enjeux géopolitiques de premier ordre. Le Moyen-Orient, c'est aussi le coeur des réserves mondiales de pétrole, le point de rencontre des trois religions du Livre (judaïsme, christianisme, islam), le conflit israélo-palestinien. Des tendances qui, avec ou sans le « printemps arabe », restent des marqueurs forts. Quand la Tunisie réussit une alternance politique avec des élections législatives et présidentielle fin 2014, les intérêts des gouvernants suivent les réflexes d'hier, basés sur l'autoritarisme. Si la région n'est pas engagée dans le même processus que la France de 1789 ou que les régimes communistes à la chute du rideau du fer en 1991, elle fait face à des défis anciens et sans cesse renouvelés : la place de l'islam politique, la pauvreté des populations, la question de l'éducation des générations futures, la gestion de l'économie de rente et l'intégration dans la mondialisation, le rôle des femmes, un environnement dégradé, etc.
Il est donc toujours important de revenir sur une région au coeur des réflexions mondiales et de l'actualité, pour précisément mieux la comprendre sans la rejeter. Avec cette envie de changement, de devenir les acteurs de leur destinée, les populations qui se sont soulevées en 2011 attendaient aussi que le monde regarde le Moyen-Orient avec attention. Pour cette nouvelle année 2015, Carto propose donc un dossier complet à lire et à mettre entre toutes les mains, depuis les étudiants jusqu'aux chefs d'entreprise. Et pour tous les lecteurs aspirant à des enjeux plus « optimistes », ils découvriront que Las Vegas n'est pas à Las Vegas, que la Bosnie-Herzégovine n'existe pas, que l'Indonésie construit un oiseau pour ne pas sombrer sous les eaux... Que de mystères géopolitiques pour bien commencer l'année 2015 ! L'équipe de Carto vous la souhaite belle et heureuse.
Par Guillaume Fourmont