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Les annales de la recherche urbaine - n°102 - Juillet 2007
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Les annales de la recherche urbaine - n°102 - Juillet 2007

Les annales de la recherche urbaine - n°102 - Juillet 2007

Individualisme et production de l'urbain

Collectif PUCA

174 pages, parution le 01/07/2007

Résumé

Distinguons entre l'individualisme comme un ensemble de représentations et de pratiques sociales qui caractérisent et affectent la vie urbaine et l'individualisme comme ensemble de valeurs liées à la démocratie libérale.

Aujourd'hui la vie dans les métropoles occidentales accompagne la radicalisation du processus d'individuation auquel sont soumis les urbains. Les individus sont selon la formule de Marcel Gauchet "désenglobés", c'est-à-dire que l'appartenance à des collectifs identificateurs est devenue moins prégnante et plus éphémère. De fait, la désynchronisation des rythmes de vie et de travail, la modification des structures familiales et la multiplication des ménages composés d'une seule personne par exemple, constituent des facteurs qui infléchissent notablement les attentes en matière de services urbains aussi bien que les programmes immobiliers. De même, l'économie post-industrielle fondée principalement sur l'information et la communication, corrélée au mode de vie métropolitain, impose un système culturel où règne la pluralité des références, la relativité des valeurs ; ce qui accentue l'impératif démocratique qui, comme l'avait énoncé Tocqueville, nécessite que chacun construise de manière individuelle son identité et son rapport aux autres et au monde.

Dans la sociologie contemporaine, le débat est ouvert entre ceux qui diagnostiquent l'hypermodernité urbaine comme le foyer de l'individualisme solipsiste et consumériste, voire de la généralisation de la solitude, et ceux qui perçoivent le monde contemporain comme le règne d'un individualisme tempéré par la multiplication des activités relationnelles et associatives, et par le remplacement de liens forts mais peu nombreux par des liens plus ténus mais foisonnants. Pour ces derniers, l'individualisme est plus émancipation que déréliction.

Par ailleurs, les principes politiques qui nous gouvernent (les droits de l'homme, l'état de droit, la protection des libertés individuelles) confortent l'individualisme et entrent en tension avec les idéaux de solidarité et de cohésion sociales, si bien que les discours politiques oscillent entre la valorisation du libre arbitre de l'individu et de l'autorégulation de la société (logique de marché, démocratie participative, partenariat,...) et la valorisation de "l'être ensemble", du "faire société", dont une politique d'équipements publics et de mixité sociale serait garante.

Cette double dimension problématique de l'individualisme se décline particulièrement bien dans la controverse que suscite l'étalement urbain et la périurbanisation. C'est plus particulièrement sur ce point que les Annales de la recherche urbaine voudraient centrer leur prochain numéro.

Dans l'idéologie actuelle, la ville se substitue à la nation comme terrain privilégié d'exercice de la démocratie et l'urbanité devient un corollaire de la citoyenneté. Or, nombre de discours politiques et urbanistiques affirment que les agglomérations avec leurs banlieues, leurs centres commerciaux périphériques et leurs zones d'habitat pavillonnaires mettent à mal les vertus d'urbanité qui ne sont attribuées qu'à la ville centre. Dans ces discours, le périurbain est lié à une montée de l'égoïsme et à l'exacerbation de l'individualisme de masse qui caractérise la fin du XXe siècle. La critique des espaces à faible densité fait même partie des motifs exposés dans la loi Solidarité et renouvellement urbains dont l'idée sous-jacente est de favoriser une ville plus dense que devraient promouvoir les nouveaux outils de planification (SCOT).

Habiter hors la ville est ainsi assimilé à un acte anti-urbain sous- tendu principalement par le fait que les périurbains voudraient éviter les échanges, la rencontre, le frottement avec l'autre. L'habitat pavillonnaire illustrerait une volonté d'autonomie, voire de repli sur la vie privée.

Cependant, avant de porter un jugement politique et moral sur cette forme d'habitat il convient d'en comprendre les ressorts (contraintes et motivations). Ainsi il existe des raisons économiques - coût des logements en centre-ville dans les grandes agglomérations, mécanisme de financement de l'accession à la propriété -, et une évolution des attentes en matière de confort - le nombre de m2 moyen par personne composant le ménage est en augmentation régulière depuis les années 50 -, qui poussent nombre de familles à s'installer dans le périurbain. Inversement, plus des deux tiers des célibataires de moins de trente ans, sans enfant, habitent en centre-ville, ce qui tendrait à prouver que ces déménagements sont liés au cycle de vie plus qu'à une réelle volonté de fuir l'autre et la ville. En outre, on peut se demander si le choix d'habiter en zone périurbaine en France ressortit des mêmes logiques qu'aux Etats-Unis, par exemple. En effet, dans ce pays les zones pavillonnaires dépendent la plupart du temps de municipalités autonomes et ce sont ces dernières qui décident ou non de financer les mécanismes de redistribution en faveur des populations défavorisées. En France en revanche, une part très importante du financement des mesures redistributives étant du ressort du département, de l'État ou d'organismes sociaux nationaux, la localisation de la résidence a moins d'impact fiscal.

La maison individuelle serait à l'origine de la désorganisation spatiale (la ville étalée) et du désordre social (libre arbitre individuel vs société organisée). Mais établir un lien univoque entre forme spatiale et vie sociale ne relève-t-il pas d'un présupposé spatialiste ? Celui selon lequel l'espace dense favoriserait relations sociales, solidarité et confiance, alors que le périurbain entraînerait rapports distendus et méfiance. La dynamique associative se rencontre aussi dans le périurbain.

Plus encore que des égoïsmes personnels, l'étalement urbain témoignerait d'une mise à mal de la conception républicaine de l'intérêt général et de la souveraineté politique. La montée de groupes porteurs de revendications spécifiques est particulièrement décriée dans la mesure où elle contrecarre parfois la réalisation de grands projets, la construction d'équipements structurants, la réalisation d'infrastructures..., c'est-à- dire toutes ces actions nécessaires pour, au nom de l'intérêt général, aussi bien construire la ville et le territoire qu'engendrer une société moderne. Que peut-on craindre de la logique de repli sur soi (péri-urbanisation, gated community, syndrome NIMBY) sur la production de la ville ? Quelles formes urbaines engendrent-elles ? Avec la fin de la parole d'autorité du technocrate l'individu peut, lui aussi, en termes d'organisation de son espace de vie, prétendre être expert et développer des solutions à des échelles moins englobantes.

Nous sommes aujourd'hui dans une société mobile et de flux. Les réseaux de communication, l'internet,... modifient l'approche que l'on a des territoires et tendent à homogénéiser les comportements de chacun en diffusant davantage de modèles standards. Le temps de parcours prend le pas sur la distance parcourue, permet de nouvelles pratiques spatiales et affecte l'organisation des espaces urbains. Les facilités de mobilité entraînent une diversification des pratiques de l'espace et, pourtant, les modes de vie, à catégorie sociale égale, deviennent de moins en moins différenciés quel que soit le lieu de résidence. Dans le même temps, l'individu aurait de plus en plus une conception utilitariste de la ville et de ses quartiers : "la ville ne forme plus un ordre mais une offre", selon la formule d'Alain Bourdin. De sorte que la ville centre et la périphérie sont deux espaces que l'ont ne peut pas dissocier, ils s'interpénètrent autant qu'ils s'opposent.

Cette offre est-elle spatialisée de la même façon pour l'emploi, pour le logement et pour les services ? Comment les individus peuvent-ils articuler ces trois espaces de référence dans l'expansion urbaine continue ? Quelles tensions naissent entre individualisme et production de l'urbain ? Est-ce que le lieu de la résidence peut à lui seul augurer des modes de vie et des pratiques urbaines futurs ? Comment le choix du périurbain influe-t-il sur le mode de vie des habitants ? Comment ces derniers s'approprie leur espace, leurs espaces ? Le mode de vie périurbain accentue-t-il le processus d'individuation ? Ce sont ces questions que l'on aimerait creuser dans le numéro 102 des Annales. Elles ne sont bien entendu pas exhaustives. Des articles sur des cas étrangers enrichiraient utilement la réflexion.

L'auteur - Collectif PUCA

Plan Urbanisme Construction Architecture

Sommaire

  • Introduction
  • Les péri-urbains sont-ils anti-urbains ? Les effets de la fragmentation communale
  • Question du pavillonnaire dans la société des individus. Aspirations habitantes et doctrines techniques
  • Les périurbains et la ville : entre individualisme et logiques collectives
  • L'individualisme habitant : la vie en deçà et au-delà du quartier. L'exemple de l'Isle-d'Abeau
  • Accompagner les turbulences : une périurbanisation durable. Priorité aux cheminements des habitants
  • Individualisme de repli sécuritaire ou d'ouverture affinitaire : la pluralité des ressorts du périurbain
  • L'effet de rupture avec l'environnement voisin des ensembles résidentiels enclavés
  • L'urbanité périphérique latino-américaine. Lotissements résidentiels sécurisés et fermés
  • De l'étalement urbain à l'émiettement urbain. Deux-tiers des maisons construits en diffus
  • Le desserrement des emplois au sein des aires urbaines. Dépendance, autonomie ou intégration ?
  • Les espaces de sociabilité chez l'internaute habitant. Le coin informatique
  • Les ambivalences de l'individualisme contemporain : fondations et charpentes urbaines de maisonnées intergénérationnelles
  • La ville dense comme seul espace légitime ? Analyse critique d'un discours dominant sur le vote et l'urbain
  • Regarder, voir
    Un discours informé par la cartographie
  • Actualité des mythologies pavillonnaires : le périurbain comme quasi-personnage
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Caractéristiques techniques

  PAPIER
Éditeur(s) PUCA
Auteur(s) Collectif PUCA
Parution 01/07/2007
Nb. de pages 174
Format 21 x 27
Couverture Broché
Poids 574g
Intérieur Noir et Blanc
EAN13 9770180930022

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