Le déshonneur dans la République
Une histoire de l'indignité, 1791-1958
Anne Simonin - Collection Essai
Résumé
La répression des faits de collaboration est restée dans les mémoires pour l'inégalité et la dureté de ses verdicts. Or, la sanction la plus appliquée à la Libération ne fut pas la peine capitale mais une mort symbolique, la "mort civique" pour crime d'indignité nationale.
En concevant ce nouveau crime, les juristes de la Résistance ont rompu avec une logique de guerre civile. Ils ont voulu mettre hors d'état de nuire le "vichyste", non en lui ôtant la vie ou la liberté, mais en l'enfermant dans un "carcan d'infamie". Entre la guillotine ou la prison, ils ont opté pour un mode original de répression de l'ennemi public républicain : l'infamie de droit.
Au total, c'est 95 000 Françaises et Français qui, convaincus d'indignité nationale, se sont vus déshonorés par la loi pénale et, pour un temps, dégradés au rang de citoyens de seconde classe. Cette sanction d'une exceptionnelle gravité, critiquée pour sa dimension rétroactive, n'est cependant pas neuve : elle a ses racines dans le droit de l'Ancien Régime, et surtout dans la législation révolutionnaire.
Si l'indignité, qualifiée de "nationale", devient le principe avoué de l'ordre public républicain à la Libération, l'indignité est, dès les origines, le socle caché de la morale politique révolutionnaire. L'histoire de cette notion floue, appréhendée ici sur la longue durée et à partir de sources judiciaires inédites, atteste que c'est à l'indignité que la fraternité doit d'être mise en oeuvre dans la communauté politique républicaine.
Dans cet ouvrage, Anne Simonin mêle l'histoire du droit et la littérature : c'est la voix de ceux qu'indigne l'indignité qu'elle nous donne à entendre, mais aussi la voix des hommes de loi et des citoyens qui, de Robespierre au général de Gaulle, ont cru à une République ayant appris à être sage, et frappant d'indignité celles et ceux qu'elle ne pouvait convaincre d'être fraternels.
L'auteur - Anne Simonin
Anne Simonin, ancienne élève de l'Institut d'études politiques de Paris, est chercheur au CNRS (IRICE, Université de Paris I et Paris IV). Elle est notamment l'auteur de Les Éditions de Minuit. Le devoir d'insoumission (imec éditeur, 2008).
Sommaire
- L'honneur, principe du gouvernement républicain
- La Fraternité ou l'Indignité, les origines aristocratiques de la morale républicaine (1791-1832)
- Le régime républicain de l'indignité, sa perversion par Vichy
- La révolution comme boîte à outils (1791-1794)
- Jean-Paul Marat, théoricien de l'indignité politique
- Etre non citoyen sous la Terreur, le collaborateur et l'indigne, deux figures de l'ennemi intérieur
- La Reprise (1943-1958)
- Liberté, Egalité, Fraternité ou Indignité, la devise de la République rétablie
- Juger l'indignité nationale, la jurisprudence des chambres civiques de la Seine (1945-1951)
- L'oeil du juge
- Faites taire Sade !
Caractéristiques techniques
PAPIER | NUMERIQUE | |
Éditeur(s) | Grasset | |
Auteur(s) | Anne Simonin | |
Collection | Essai | |
Parution | 05/11/2008 | 05/11/2008 |
Nb. de pages | 760 | 768 |
Format | 16 x 24 | - |
Couverture | Broché | - |
Poids | 870g | - |
Intérieur | Noir et Blanc | - |
Contenu | - |
ePub |
EAN13 | 9782246629917 |
9782246629993 |
ISBN13 | 978-2-246-62991-7 | - |
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