Résumé
Les deux précédents ouvrages de Nicolas Dieterlé publiés par les éditions Arfuyen étaient composés de fragments écrits dans les deux dernières années de sa vie. Le présent ouvrage montre un aspect fort différent de son oeuvre littéraire, puisqu'il s'agit ici de courts récits, écrits sur une durée sensiblement plus longue et dans une grande variété de formes, qui va de la pure fiction à l'autobiographie en passant par des expériences oniriques ou des évocations de personnages réels ou imaginaires.
Ces récits se répartissent en sept ensembles : Afrique, Fictions, Rêves, Voyage au Bénin, Promenades, Portraits et Retour au Cameroun. Au-delà du premier cycle de textes auquel elle donne son titre, l'Afrique constitue le fil directeur de ce livre : du Voyage au Bénin de 1994 à l'ultime Retour au Cameroun en 1997, le continent noir où il a passé ses dix premières années a marqué de manière indélébile la vision de Nicolas Dieterlé.
Si dans bien des textes l'affinité profonde, inscrite dans ses origines familiales, avec le romantisme allemand d'un Novalis ou d'un Kaspar David Friedrich semble prédominante, c'est bien en Afrique que Dieterlé a établi l'intensité de sa relation avec le paysage et l'immédiateté de sa vision spirituelle. Il l'écrit lui-même dès les premières lignes du texte qui ouvre le cycle intitulé Afrique : « En Afrique, j'étais de plain-pied avec les choses et les êtres. Je connaissais intimement tel rocher, je me courbais avec la colline qui surplombait la maison, j'étais les yeux profonds du chien familier, je me dissolvais avec le nuage, à l'aube, dans la clarté montante du jour. Le soleil lui-même était issu de ma poitrine et je connaissais d'avance la splendeur de sa course qui s'achevait en moi. Quant à la terre, verte et rouge, immense et souple, elle ne faisait qu'un avec mon pied nu et chacun de mes pas renouvelait notre alliance. Ainsi, arpentant telle piste, j'en déchiffrais la large écriture faite de bosses, de trous, de cailloux épars et de branches, de mes seuls pieds amoureusement savants. »
Cet émerveillement premier de l'enfance africaine, toute son écriture sera là pour la retrouver autrement. Et ce sont les derniers mots du présent ouvrage, qui ouvrent sur toute l'oeuvre, conçue comme une « seconde enfance » : « Semblables aux papillons de nuit tombés sur le sol, mes souvenirs n'en finissent pas de mourir et leur agonie interminable et lumineuse éclaire le chemin vers ma seconde enfance » (« Retour au Cameroun »).