Résumé
« Boabdil et la femme qui pleure » rassemble trois contes qui se déroulent en Espagne à la fin du XXe siècle ; une décennie les sépare à chaque fois, mais tous disent à leur manière la soif de grandeur de son peuple en même temps que l'incompréhensible fureur qu'il a de se détruire. Le premier, Don Luis, est un hommage à un réalisateur aujourd'hui grandement oublié, Buñuel. Faire le portrait d'un athée, marqué par la religion, anticlérical, mais resté sauvagement mystique, semblait un excellent moyen de comprendre notre monde. Le deuxième raconte l'itinéraire à rebours d'un couple sur le chemin de Compostelle. Les grands maîtres, les musiciens, les écrivains les accompagnent dans leur voyage et soulignent la dimension sacrée de leurs péripéties. Le titre, Abella de la Conca, fait référence à un village catalan, où les amants reçoivent de ses deux seuls habitants l'expérience du renoncement au monde comme un coup de poing dans le ventre. Le dernier, « Boabdil et la femme qui pleure » est plus intimiste. On se trouve à Grenade, mais, si l'on voyage peu dans l'espace, on traverse en fait, comme dans les deux premiers, plus de mille ans d'histoire. Le dernier roi musulman, Boabdil, s'est enfui de l'Alhambra « en pleurant comme une femme », dit la légende. Le récit cherche à suivre Inma, une étudiante romanesque, passionnée, tourmentée. La chute est brutale. Les poètes étaient nécessaires dans ce dernier texte, comme les théologiens l'étaient pour Buñuel, et les artistes pour les amants. Il fallait en effet l'imagination de Cervantès, le génie de Goya ou de Picasso, la ferveur de Thérèse d'Avila ou de Lorca pour dire la magie d'un pays violent, beau, profond. La femme qui pleure, c'est l'Espagne !