Résumé
Dans son premier livre, "Écrit dans le vent", Bertrand Baumann entreprenait une quête à vrai dire sans fin. Ce qu'il tentait de ressaisir dans les instants de sa vie, c'était leur fugacité, leur fragilité, et jusqu'à leur évanescence... Autant dire ce qu'ils avaient d'insaisissable. Il y parvenait par la grâce d'une écriture qui, ne faisant qu'effleurer les choses, réussissait à éveiller en elles des harmoniques inédites. Aujourd'hui, l'auteur revient avec une nouvelle brassée de ce qu'il appelle ses notules : réflexions, anecdotes, croquis, poèmes, au fil desquels il nous entretient "De rien, c'est-à-dire de tout". Mais ne nous y trompons pas : c'est encore de lui-même qu'il nous parle, de sa vie au milieu des choses et des êtres les plus humbles : le vent, les nuages, les champs et les rues, les chats, les livres, le temps qui fuit, une page de Robert Walser, la neige, le brouillard, la mort, un amour qui passe... Ne croyons pas que cela soit facile ! Les mots, on le sait, tendent à fixer, à figer les significations, à fabriquer de la permanence, à rigidifier le cours du temps. Rien de tel ici : l'auteur, par l'effet d'un art tout de finesse et de légèreté, par un sens aigu de la phrase qui ne s'appesantit jamais sur la page réussit une sorte de tour de force : se faire le greffier de l'éphémère. On en veut un exemple ? Comment dire mieux, plus justement, l'instant qui passe et qui laisse toujours dans son sillage, mêlé à la saveur de la vie, l'arrière-goût d'un désespoir tenace ? «Je sens en moi la patience qui espère et qui tient bon.» C'est cela, le style ! Raymond Delley