Résumé
En 1995, il est apparu la première fois à la télévision dans une émission présentée par Jean-Luc Delarue. À la fois créature sophistiquée autoritaire et personnage né d'un monde anté-guerre, Elian Lille se définissait ainsi : « Je suis un gouin ».
À l'orée des genres, Elian Lille est devenu ce jour-là un nouveau monstre énigmatique.
Je venais de créer les premiers POFs (Prototype d'Objet en Fonctionnement). Ce sont des objets et des constructions indéfinies issus de dessins et de phrases. Pour en connaître leur capacité fonctionnelle, je les faisais tester soit dans mes expositions, par les visiteurs, soit dans mon atelier, par moi-même et mes assistants. J'avais l'intuition que Elian Lille pouvait incarner le prototype testeur, qu'il est devenu, mais je n'avais aucune idée de la façon de l'aborder et de lui faire tester les POFs.
Quelques jours plus tard lors d'un cabaret parisien - La Kentina, un de ces nouveaux lieux qui se créaient spontanément en dehors des clubs qui déjà s'épuisaient -, je vois apparaître sur scène Elian Lille en train de performer. Ce fut le début d'une collaboration.
De surprise en surprise, l'univers de Elian Lille dit Eliane pine Carrington (EPC) se révéla. Entre le vrai, le faux et le réel, entre l'anti-modèle, l'a-modèle et l'e-modèle. Il improvisait autant un comportement que la possibilité d'un autre : rien de définitif. Un vertige permanent.
Ce « livre » semble un enchevêtrement de mots et de sons, je l'ai aperçu, il m'a été impossible de le voir en ensemble. Il me paraît déstructuré comme l'est le patron d'un couturier qui aurait été monté de toutes les façons possibles en même temps : le devant derrière ou le pli temporel. La joie, la mort, l'horreur, la violence, la bêtise, l'ordure, l'incompréhension, la très haute couture, le sur-mesure, tout y est. Ce livre a un son, le pire. Les réseaux sociaux en leur entier existaient déjà chez EPC.
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