La coulée de feu

A la fin du xixe siècle, les frontières entre le nord du Mexique et le Texas varient au gré de la politique, des alliances des chefs de guerre et des défaites des armées sudistes. La Coulée de feu raconte, depuis la frontière avec les États-Unis, l'émergence, sur trois décennies, de la nation mexicaine. S'y entrecroisent les destins de dizaines de personnages de toutes conditions, emportés dans le tourbillon des guerres et des révolutions, comme Marion Gillespie, la veuve fatale partagée entre ses scrupules de mère et un désir éperdu d'ascension sociale qui lui fait épouser possédants et caudillos; ses enfants Christine et Rupert; le leader syndicaliste William Henry, soldat sudiste qui devient le scorpion, tueur au service du général Porfirio Díaz, futur président et dictateur; Santos Cadena, le bandolero au grand cour; Heraclio, le séduisant chef de bande; Margarita Magón, petite paysanne à la larme facile qui se transformera en révolutionnaire.

La virtuosité du conteur nous fait sentir aussi bien la complexité de situations, où, par exemple, les Indiens sont massacrés au nom du progrès et de la démocratie, que le ridicule au cour même des grands moments historiques, avec les rites grotesques de la cour de Maximilien, l'empereur imposé par les Français, ou des épisodes guerriers aussi lamentables que sanglants.

Les différents personnages nous font suivre ces trente ans d'histoire politique contradictoire et éclairent leur signification.

Avec cette entrée dans le roman historique se révèle l'étendue du talent d'un auteur dont l'impressionnante érudition se met au service d'un point de vue acéré, ironique sans jamais devenir cynique, sur les passions humaines.

Valerio Evangelisti, né à Bologne en 1952, s'est d'abord fait connaître du grand public comme auteur de la série des Eymerich traduite en de nombreuses langues (six titres parus chez Rivages), romans qu'on classe généralement dans la catégorie Science-Fiction et pour lesquels il a obtenu en Italie, en 1994, le prix Urania, et en France, en 1999, le prix Tour Eiffel, réservés l'un et l'autre à ce type de littérature. Son ouvre transcende largement les différents genres sous lesquels on veut le classer.