Résumé
Né à Paris en 1934, Ludovic Janvier, romancier et essayiste, fait entendre en poésie une voix qui ne se soucie d'aucune référence, d'aucune révérence : alliance d'un rythme affirmé, d'une rythmique, et d'une volonté de dire les éclats de mémoire, d'ironie, de fureur, les commotions soudaines. Ludovic Janvier écrit au plus près du corps, il s'investit sang et os dans une parole qui ne craint ni la violence, ni la gouaille, ni la dérision froide. Souvent, il semble parler comme pour se donner congé, comme pour se piéger. C'est un souffle qui entretient la forge et les braises, les cris, les murmures, qui fait que la bouche sort de l'ombre et que les muscles, doucement, transmuent de l'air pour créer une musique de mots. La poésie de Ludovic Janvier est une succession d'instants qui objectent, qui poussent au désespoir lucide, qui ne cherchent pas plus à adoucir le manque que les moeurs. L'impatience en est l'énergie première, sans cesse convoquée et toujours insatisfaite. Comme le suggère le titre de son recueil, il y a en toute chose, en toute action, en toute émotion, de La mer à boire, de l'impossible à affronter, du défi à relever, mais sans oublier d'en sourire, sans oublier d'avouer mine de rien que ce n'est quand même pas "la mer à boire". Parole du doute brutal, la voix de Ludovic Janvier est de celles qui régénèrent sans ménager de repos.
L'auteur - Ludovic Janvier
D'ascendance haïtienne et française, Ludovic Janvier (1934-2016) est né et mort à Paris. Le projet d'écrire est chez lui très ancien, il remonte à l'adolescence. Le trajet public commence par une réflexion sur le Nouveau Roman (Une parole exigeante, 1964) et surtout deux essais consacrés à l'oeuvre de Samuel Beckett (Pour Samuel Beckett, 1966, et Beckett par lui-même, 1969) avec lequel il traduit de l'anglais D'un ouvrage abandonné (1967) et Watt (1968). En somme, une lente préface à la vie d'écrivain. C'est avec La Baigneuse, roman publié dans la collection "Le Chemin" (1968), qu'il s'engage tout à fait dans l'écriture de la parole. S'ensuivront deux fictions cruciales, Naissance (1984) et Monstre, va (1988). Puis son goût pour l'écart et sa passion de l'instantané le conduisent vers le poème (La Mer à boire, 1987) et la nouvelle (Brèves d'amour, 1993-2002), deux formes plus fidèles à la vitesse de l'émotion. À partir de là, conscient d'écrire pour la voix et de situer son travail hors les genres, il continue son va-et-vient entre prose et poésie.
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