Résumé
Des dirigeables silencieux et inquiétants traversent, au crépuscule, le ciel de Rome, aux couleurs de terre et de gris déchirées par des filaments d'or roussi : dans ce paysage d'angoisse, une minuscule petite dame lance son cri d'alarme fatal et définitif : "Nous sommes tous surveillés, nous sommes tous menacés d'un désastre... parce qu'à la base de tout, il y a la trogue." C'est ce qu'elle dit à Pantieri, commissaire de police. Et, en quelques heures, ce pauvre Pantieri rencontre plusieurs personnes de milieux différents qui ne cessent de répéter autour de lui cet apparent lapsus : tous disent "trogue" au lieu de "drogue". Et, en bon commissaire, Pantieri commence à penser que le lapsus est le chemin de la vérité. Qu'est donc la "trogue" ? Avant d'arriver à résoudre l'énigme posée par ce mot fatidique, nous rencontrons, sur le chemin du commissaire, des sectes vouées au Mal, des délits sanglants, des banquiers véreux, des politiciens corrompus, des terroristes vrais ou faux, des filles de joie... Enveloppés dans une trame des plus étonnantes et des plus outrancières, personnages et situations sortent au fur et à mesure de l'absurde pour prendre place dans cette construction "policière" d'une précision sans faille. C'est que la qualité "démentielle" de la réalité italienne, qui semble être une
acquisition des années soixante-dix et quatre-vingt, parle ici avec naturel, à l'intérieur d'une situation narrative où tout est en même temps tragique et dérisoire, ténébreux et grossier, exaspéré et plausible : l'Italie trouble, grotesque et sanguinaire de l'affaire Moro, de l'inflation, des services secrets et de la loge maçonnique P 2, a trouvé enfin son romancier.