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Le pays des marées
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Librairie Eyrolles - Paris 5e
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Le pays des marées

Le pays des marées

Amitav Ghosh - Collection Pavillons

472 pages, parution le 20/04/2006

Résumé

Un roman multiple et fascinant dans lequel Amitav Ghosh donne la pleine mesure de son exceptionnel talent de conteur.

C'est dans l'archipel des Sundarbans, ce pays des marées peuplé de crocodiles, de serpents et de tigres mangeurs d'hommes, que Kanai, un homme d'affaires sophistiqué, originaire de Calcutta, fait la connaissance de Piya, une cétologue américaine d'origine indienne. À la recherche d'une espèce unique de dauphins d'eau douce, cette dernière explore la faune et la flore locales avec l'aide de Fokir, un pêcheur illettré possédant un savoir unique sur la région. Tous trois se lancent dans une singulière expédition qui, au gré des tempêtes, leur fera rencontrer l'amour, la souffrance, et les changera à jamais.
Après avoir exploré le réalisme magique dans Les Feux du Bengale, la saga familiale dans Le Palais des miroirs et le polar dans Le Chromosome de Calcutta, Amitav Ghosh se penche sur les mythes qui nourrissent la culture indienne. Avec une fascination d'anthropologue, il nous livre ici une fresque envoûtante et maîtrisée, véritable hommage aux mots, à la littérature et à son pays.

Sommaire

Il y avait six hommes adultes dans la maison et ils comprirent qu'ils tenaient là une occasion qui ne se répéterait pas. Ce tigre, on le connaissait dans le village : il avait déjà tué deux personnes et s'attaquait depuis longtemps à leurs animaux. Maintenant, durant les quelques minutes où il resterait dans l'enclos, il était vulnérable, parce que pour s'échapper il aurait à sauter verticalement à travers le trou dans le toit : même pour un tigre, ce ne serait pas facile, surtout avec un bufflon dans la gueule.
Ces hommes avaient rapidement réuni un certain nombre de filets de pêche qu'ils avaient lancés par-dessus le chaume, les empilant les uns sur les autres et les fixant avec de grosses lignes à crabes en nylon. Lorsque le tigre avait essayé de sauter, il s'était emmêlé dans les filets avant de retomber dans l'enclos. Il se débattait pour se libérer quand un des garçons, enfonçant une pique de bambou par la fenêtre, avait aveuglé l'animal.
Kanai traduisait à mesure ce que Horen racontait mais, là, Piya l'interrompit en s'écriant d'une voix tremblante : " Vous voulez dire que le tigre est encore à l'intérieur ?
–; Oui. C'est ce que dit Horen : l'animal est piégé à l'intérieur, aveuglé. "
Piya secoua la tête comme pour se réveiller d'un cauchemar : la scène était si invraisemblable et pourtant si vive qu'elle comprenait seulement maintenant que c'était l'animal blessé qu'on attaquait avec des bâtons pointus. À peine avait-elle digéré le fait que le tigre se fit entendre pour la première fois. Aussitôt les gens autour de l'enclos laissèrent tomber leurs piques et s'éparpillèrent, protégeant leur visage comme d'une détonation. Le rugissement était si puissant que Piya en sentit l'écho traverser le sol à travers ses pieds nus. Pendant un moment, personne ne bougea, puis, quand il fut évident que le tigre demeurait piégé et sans défense, les hommes reprirent leurs piques et attaquèrent la hutte avec une fureur redoublée.
Accrochant le bras de Kanai, Piya lui hurla à l'oreille : " Il faut intervenir, Kanai. On ne peut pas laisser faire ça.
–; Je voudrais pouvoir m'en mêler, Piya. Mais je ne pense pas que ce soit possible.
–; On peut quand même essayer ? Non ? "
Horen chuchota alors quelque chose et Kanai, prenant Piya par les épaules, tenta de l'entraîner : " Écoutez, Piya, maintenant il faut qu'on reparte.
–; Qu'on reparte ? Qu'on reparte où ?
–; À bord du Megha.
–; Pourquoi ? Que va-t-il se passer ?
–; Piya, insista Kanai en la tirant par la main. Quoi qu'il arrive, il vaut mieux que vous ne restiez pas pour le voir. "
Piya fixa le visage de son compagnon illuminé par les torches : " Que me cachez-vous ? Que vont-ils faire ? "
Kanai cracha dans la poussière. " Piya, il faut comprendre – cet animal s'en prend à ce village depuis des années. Il a tué deux personnes sans compter plein de vaches et de chèvres...
–; C'est un animal, Kanai. On ne peut pas se venger sur un animal. "
Autour d'eux à présent les gens hurlaient, leurs visages reflétant la danse des flammes : Maar ! Maar ! Kanai reprit Piya par le coude : " C'est trop tard. Il faut que nous partions tous les deux.
–; Partir ? s'exclama Piya. Je ne bouge pas. Je vais mettre un terme à cette horreur.
–; Piya, vous avez affaire à une foule en colère. Elle pourrait se retourner contre vous, vous savez. Nous sommes des étrangers.
–; Alors vous allez simplement regarder et laisser faire ?
–; Nous n'y pouvons rien, Piya ! cria Kanai. Soyez raisonnable. Partons.
–; Partez si vous voulez, répliqua Piya en se dégageant. Mais moi je ne vais pas m'enfuir comme une lâche. Si vous refusez d'intervenir, moi je m'en charge. Et Fokir aussi. Je sais qu'il le fera. Où est-il ? "
Kanai pointa un doigt : " Là-bas. Regardez. "
Se hissant sur la pointe des pieds, Piya aperçut Fokir au premier rang de la foule en train d'aider un homme à affûter sa pique de bambou. Elle écarta Kanai d'un coup de coude et plongea dans la cohue. Un soudain mouvement collectif la propulsa contre le voisin de Fokir. De près, à la lueur des flammes, elle découvrit que la pointe du bambou qu'il tenait était taché de sang et que des bouts de fourrure noir et or demeuraient accrochés entre les brisures. Elle eut brusquement l'impression de voir l'animal recroquevillé à l'intérieur de l'enclos, reculant devant les piques, léchant les blessures taillées dans sa chair. Elle se jeta sur la pique, l'arracha des mains de l'homme et, du talon, la brisa en deux.
Un instant, l'homme fut trop surpris pour réagir. Puis il se mit à hurler à tue-tête en brandissant son poing sous le nez de Piya. En une minute, une demi-douzaine de jeunes gens le rejoignirent, la tête enveloppée d'un châle, braillant des mots qu'elle ne pouvait pas comprendre. Une main se referma sur son coude et elle se retourna pour trouver Fokir derrière elle. Elle sentit son cœur bondir, à la fois d'espoir et de soulagement : il saurait, elle n'en doutait pas, quoi faire, il trouverait un moyen de mettre un terme à ce qui se passait. Mais, au lieu de venir à son aide, il passa son bras autour d'elle, l'attira contre lui, et l'emmena, battant en retraite à travers la foule tandis qu'elle lui tapait dans les genoux et lui griffait les mains. Puis elle vit une boule de feu passer en arc au-dessus d'eux et tomber sur le chaume ; presque aussitôt, des flammes jaillirent du toit de l'enclos. Il y eut un autre rugissement, auquel, peu après, firent écho les voix de la foule beuglant comme dans un besoin fou de carnage Maar ! Maar ! Les flammes redoublèrent et les gens s'empressèrent de les nourrir de branches et de paille.
Tout en essayant de se dégager de Fokir, Piya se mit à crier elle aussi : " Lâchez-moi ! Lâchez-moi ! "
Sans l'entendre, Fokir la fit pivoter, toujours coincée contre lui et, moitié la portant, moitié la traînant, l'emporta vers le remblai. À la lueur des flammes bondissantes, elle découvrit que Horen et Kanai les y attendaient.


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Caractéristiques techniques

  PAPIER NUMERIQUE
Éditeur(s) Robert Laffont
Auteur(s) Amitav Ghosh
Collection Pavillons
Parution 20/04/2006 05/07/2012
Nb. de pages 472 -
Format 13.6 x 21.7 -
Couverture Broché -
Poids 484g -
Contenu - ePub
EAN13 9782221104132 9782221131558

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