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Les litanies de la madone
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Librairie Eyrolles - Paris 5e
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Les litanies de la madone

Les litanies de la madone

Et autres poèmes spirituels

Biagio Marin - Collection Lettres d'Italie

432 pages, parution le 22/10/2020

Résumé

En ce temps-là, à la fin de xixe siècle, pour l'atteindre, le voyageur descendait à Aquilée, avant d'emprunter de lourds landaus et le vaporino, dans les sinuosités d'un cours d'eau et de canaux à travers la lagune. Alors, au terme d'un itinéraire en soi, isolé du monde, hors du temps et voilé jusqu'au dernier instant, se découvrait l'île de Grado, lambeau de terre et de sable, balayé par les vents, sous le soleil et sur le merveilleux miroir azuré de la mer et du ciel. Là, sur cette île, fille de la jadis puissante Aquilée et mère de Venise, où la vie, depuis des siècles, a ralenti, jusqu'à s'arrêter presque, et où quelques pêcheurs habitent de modestes maisons ou des cabanes de paille ou de roseaux sur des saillies de boues argileuses, les casoni, au milieu de ces visages sur lesquels le dur labeur a gravé rides et sillons de fatigue, d'êtres qui savent à peine lire, d'humbles et d'humiliés à la foi solide, ardente, naît le poète Biagio Marin (1891-1985). De 1912 à sa mort, son œuvre ne cessera de chanter ce monde. Lumière et voix, luse et vose, de même que la liturgie, les hymnes, les psaumes, écho des patriarches anciens, les chants d'amour et de louange, la récitation du rosaire et les rites ancestraux, parmi lesquels la procession à Barbana, le perdón, fascinent Marin. Ses vers, à de rares exceptions, sont en dialecte de Grado (gradese), un dialecte séculaire, au développement comme à l'arrêt, qui n'est plus le frioulan et pas encore le vénitien. Les consonnes, liquides et douces, y transforment le t italien en d (duto pour tutto), le c en s (baso pour bacio, ou crose pour croce), ou le v en b (bose ou vose pour voce)... Les douleurs se disent duluri et non dolori ; le nid : nío et non nido ; les vents : vinti et non venti... Et de longues voyelles tendent à suspendre tout écoulement. En ce dialecte se donnent les thèmes de Marin : la mer, matricielle (mar, la mer ; mare, la mère), et les bancs de sable (dossi), le soleil (sol) et les nuages (nuòlo), parfois orageux (nenbo), la lumière (luse) et quelques couleurs, où resplendissent le bleu intense de l'azur (selesto ou asuro), le turquin, le rouge, l'or et le blanc, et qui rarement se mélangent, mais sont, d'après Pier Paolo Pasolini, « utilisées "pures", chacune dans sa zone, pour constituer un paysage absolu et complètement poétisé ». Ajoutons-y les bateaux, trabacs, bragozzi et vaporini, quelques gemmes et autant de fleurs, au nombre desquelles la rose, sur le rosier ou dans la roseraie (rosèr), et l'on aura une idée presque complète de ce qui fait le socle de la plupart des poèmes. Certes, Marin a traversé le xxe siècle, en a connu quantité de mouvements, de courants et d'avant-gardes artistiques, en a vécu les barbaries et en a consigné, dans ses carnets, bien des sollicitations, au point selon Carlo Bo de s'identifier avec son époque, mais son œuvre est restée identique à elle-même, insulaire, d'un seul bloc, de son commencement à sa fin. Immobile, immuable est cette œuvre, par ses thèmes, brodant sur les mêmes paysages et les mêmes valeurs, sur d'identiques motifs, aussi ténus que les avancées du temps, mais aussi par ses mots invariants, quelques centaines tout au plus, moins d'un millier assurément, et dans sa forme, célébration du quatrain, ce paradigme de l'expression populaire. Une circularité, une permanence en résultent. Aussi la litanie est-elle leur genre, en miroir des siècles et des années aussi inconsistants, interminables, que les heures : le « non-temps » de la mer, du ciel et de la lagune. La langue, anoblie, semble défaire les liens du poème avec l'Histoire, la culture et la vie sociale, mais celles-ci font puissamment retour par le dialecte et par les rites des gens de l'île. « Profonds, les thèmes qui parcourent la poésie de Marin, d'une valeur éternelle pour tous les hommes : la fraîcheur de la nature toujours résurgente, l'affectivité de ses différentes intensités et nuances, le scintillement de l'"occasion" en laquelle semble se manifester un simple prodige et pourtant des plus rares, le ciel et la mer comme réalité, métaphores d'une immanence divine qui se dépasse en halos de transcendance, le murmure des voix de la quotidienneté perçu comme une constante et imperceptible musique », commente Andrea Zanzotto. Dès lors, le principe de cette œuvre poétique est le dénuement, l'abrégé des contenus du monde, la réduction de la variété de celui-ci à quelques signes essentiels : rares éléments ou mots, à l'identique, du moins en apparence, comme dans une cérémonie à vif. Le vocabulaire pauvre, choisi, ferait même de Marin, selon Pasolini, un poète pétrarquien, et non dantesque, élargissant dans le champ sémantique et syntaxique, par des combinaisons toujours renouvelées, ce qu'il restreint dans le champ lexical. D'où une conciliation des contraires, et une si chrétienne coïncidence : la pauvreté promet la richesse, l'agrandissement immense, au point de faire de Grado un modèle de l'univers entier, d'une totalité achevée et parfaite. Car Grado et le monde, c'est tout un. Une telle distension imite, « par essentialité » commente encore Pier Paolo Pasolini, le sentiment religieux. En 1949, Marin publie la première édition des Litanies de la Madone, un recueil composé à partir de 1936, et qu'il n'avait pas souhaité rendre public auparavant, pour éviter toute méprise sur sa « laïcité » - à l'instar du Rossignol de l'église catholique de Pasolini. C'est un chant de louange à la mère, la sienne, bien sûr, du nom de Marie, et qui mourut jeune de tuberculose, et les autres qui se sont brûlées au service de Dieu et de leurs prochains. L'image, si humaine, de la Madone, presque adolescente, tendre et proche, dans sa maternité, de la sensibilité populaire, célèbre avec Marin la créativité de Dieu. « Dans l'itération des apostrophes latines, selon la tradition mariale qui résonnait en lui depuis l'enfance, vibrent les anciens rites populaires de l'île de Grado, les prières chorales dans la grande basilique de Sant'Eufemia, le culte de la Madonna delle Grazie, la ritualité séculaire de la procession votive des bateaux de la région à la Madone de Barbana, le rosaire privé des femmes, et lui se distrait en suivant un rayon de soleil ; parmi elles, la grand-mère qui prend soin de lui, orphelin ; et se détache, des années lointaines, l'image de la mère perdue trop vite, lui laissant à peine le souvenir d'un petit visage souriant penché sur lui, avec ses boucles blondes et ses yeux bleus, et l'écho perdu de douces paroles que le temps a consumées ; et un regret sans fin », écrit Edda Serra, l'éminente spécialiste de l'œuvre marinien. Pourtant, s'élevant contre l'Église, dont il n'accepte ni l'institution, matérialiste, sinon idolâtre, ni la discipline, ni les sacrements, Marin révoque le « sacerdotalisme », qui serait devenu plus que Dieu, comme dans la légende du Grand Inquisiteur de Dostoïevski. À l'inverse, dans ses rituels d'identification de soi et du monde, qu'il soit minéral, végétal, animal ou humain, depuis la plus humble amibe et jusqu'à l'être le plus philosophe, le plus poète ou le plus saint, il tend à l'union de l'île et du sujet poétique, résolvant voluptueusement, par un sensualisme chaud, avec ivresse, l'autobiographie dans des paysages, sous la lumière de la Création. Sous une telle lumière, ce que chante la poésie, c'est ce que le philosophe Massimo Cacciari appelle la « liesse », qui lui confère sa force, et dont les symboles sont le vol, les cieux, les oiseaux et les nuages, la proue du navire menant au loin, le blanc, pour fuir la mort et faire le désespoir léger. Chant du peu de terre, de la ligne incisive qu'est l'horizon marin, de la lagune ouverte, plongée dans le grand silence des cieux, du soleil et de l'orgue des vents invisibles, du vol des nuages, de leur rougeoiement au couchant et de leur dissolution sous l'éclat de Midi, de l'été à l'air chaud et léger, consolant l'âme de sa tristesse et de sa solitude (solitàe), et tendant au néant (ninte) de l'expérience mystique, le creuset ardent de la vie manifesterait alors davantage que la puissance et la gloire de Dieu, son amour, et notre misère si nous nous éloignons de Lui.

Sommaire

Edda Serra La prière de Marin 7 (Traduction de l’italien, Laurent Feneyrou) * Biagio Marin Les Litanies de la Madone 11 Sancta Maria 12 Sancta Dei genitrix 14 Mater Christi 16 Mater divinae gratiae 18 Mater purissima 20 Mater castissima 22 Mater inviolata 24 Mater intemerata 26 Mater amabilis 28 Mater admirabilis 30 Mater boni consilii 32 Mater Creatoris 34 Mater Salvatoris 36 Virgo prudentissima 38 Virgo veneranda 40 Virgo praedicanda 42 Virgo potens 44 Virgo clemens 46 Virgo fidelis 48 Speculum iustitiae 50 Sedes sapientiae 52 Causa nostrae laetitiae 54 Vas spirituale 56 Vas honorabile 58 Vas insigne devotionis 60 Rosa mystica 62 Turris davidica 64 Turris eburnea 66 Domus aurea 68 Foederis arca 70 Ianua coeli 72 Stella matutina 74 Salus infirmorum 76 Refugium peccatorum 78 Consolatrix afflictorum 80 Auxilium christianorum 82 Regina angelorum 84 Regina patriarcharum 86 Regina prophetarum 88 Regina apostolorum 90 Regina martyrum 92 Regina confessorum 94 Regina virginum 96 Regina sanctorum omnium 98 Regina sine labe originali concepta 100 Regina sacratissimi rosarii 102 Sancta Maria de Barbana 104 Sancta Maria Graesana 106 Regina pacis 108 (Traduction du gradese, Laurent Feneyrou) * Biagio Marin Autres poèmes spirituels 111 Ma prière 113 Ave Maris Stella 115 Mon âme 119 Grand-mère m’avait dit 121 Je crois en Toi 125 La grande église 127 Don Bastian 131 Pardonne-moi, Seigneur 133 Fais que ma mort 135 Psaume 137 À l’église je te perds 139 Prêtre, dis-moi 141 Oh mère 143 Le silence de Dieu 145 Don de Dieu 147 Je crois, Seigneur, et j’entends 149 Prêtre 151 Un grand soleil 153 L’âme en prêt 155 Mon Dieu, je t’ai vu 157 Mon Dieu, je suis un sourire tien 159 Paix de Dieu 161 Seigneur, dans la fleur, le germe 163 La vie entière pour l’éternité 165 L’Autre qui est-il 167 Je t’aime, mort vagabonde 169 Prière à Dieu n’est pas parole 171 Je t’ai cherché dans les silences Un poisson suis de Ton vivier Terre de Dieu Nul n’est sans Dieu Notre Père Un grand Dieu, solaire Grand Élia, à Grado Faim de Dieu Verbe, mon seul refuge Le Dieu qui est en nous Je descends volontiers J’étais d’une autre famille Dieu est l’homme du rêve De la sainteté Il vante sa foi Agonie de Jésus Vie de Dieu Seigneur je suis là seul Marie, c’est le soir des morts La lumière m’a apporté le message Né au cœur Le monde et moi Je ne me suis rencontré Si tu es seul Le grenadier Là nul ne vit ni ne meurt Rien en ce monde mien Oh ! donne-moi, Seigneur Les peuples l’avaient dit Dieu Laisse-moi le rêve Tu le sais bien Je n’ai pas peur L’amour est comme l’esprit saint Toi seul saint C’est vrai, je ne sais qui Tu es De ta jeunesse Je marche en Dieu Je te chante des psaumes Tout fini J’ai emprunté la voie des chants Seigneur, je suis Sans brume L’ombre est sans Dieu Je vais au rien Brûle-moi toi Sous le voile de peines Dieu seul vit Je ne sais pas prier Même le soleil meurt Tu les as plantés De Dieu un soupir Mon Seigneur, écris-Tu Au son de vers Renoncement Hérétique et infidèle Le Seigneur va chantant En nous Le monde était beau De Dieu terrible désir Nous sommes venus de tes mains Moi, je repose en Dieu Toi, qui es-tu ? Hors de nous Les morts ne vivent qu’en Dieu Lumière de Dieu Ce sont les chants de l’adieu Demain, demain 307 Port d’arrivée 309 Peu importent les heures 311 Le Dieu vivant 313 (Traduction du gradese, Laurent Feneyrou) * Laurent Feneyrou Biagio Marin, l’Esprit de Grado 315 * Bibliographie (et abréviations) 417 * Table des matières 425
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Caractéristiques techniques

  PAPIER
Éditeur(s) Editions de la revue Conférence
Auteur(s) Biagio Marin
Collection Lettres d'Italie
Parution 22/10/2020
Nb. de pages 432
Format 16.3 x 22.6
Couverture Broché
Poids 656g
EAN13 9791097497248

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