Les voix de légende

Au début de la guerre de Cent Ans, là où le royaume s’avance au plus loin sur la mer, un conflit successoral, une lutte d’héritages et d’allégeances, reflète insidieusement une guerre d’imaginaires sur une terre forgée dans les tréfonds de la mémoire d’un peuple. C’est ce qu’apprendra le jeune duc Charles de Blois, héritier du duché de Bretagne par son épouse Jeanne de Penthièvre, à la mort du duc Jean III. Face à lui, Jean de Montfort et l’autre « Jeanne », Jeanne de Flandre, soutenus par le roi d’Angleterre.
Au-delà même de l’histoire, nous suivons les traces d’un personnage en quête, cheminant à travers les lignes d’un récit où il cherche à s’accomplir en saint, en héros, en époux, dans un monde qui convoque tour à tour l’hagiographie chrétienne, l’épopée et la romance, sur l’horizon du conte celtique de la Bretagne du XIVe siècle.
Saisir le temps par l’écriture de l’histoire revient, dans un esprit médiéval, à dispenser au fil de la plume une vérité qui dépasse la froideur du fait pour rejaillir dans un cadre enchanté, digne d’être lu, celui de la légende. Cette perception créative du passé permet à l’écriture d’engendrer une renaissance, un ressourcement de l’imagination à l’écoute de la terre et des voix qui modelèrent sa forme et sa profondeur, une raison d’aimer l’héritage oublié, celui-là même qui cisela le paysage naturel et imaginaire dans lequel nous vivons.
Si le style joue avec les codes littéraires propres au poète médiéval, il demeure sans aucun doute lisible et expressif aux yeux d’un lecteur contemporain, tempérant l’anachronisme et la fidélité mémorielle afin que le cadre fictionnel permette aux valeurs véhiculées de s’affranchir du temps, comme le concevaient en somme les passeurs, les clercs des âges médiévaux, gardiens des savoirs luttant contre l’oubli.
« Plongez au coeur d’une Bretagne dans la tourmente, là où, derrière la lutte qui a cours entre les deux maisons, ce sont les royaumes de France et d’Angleterre qui s’affrontent. »