Résumé
"Comme le dit le moraliste, tout scandale, toute forfaiture, lorsqu'ils prennent trop d'éclat, suscitent leur justicier, qu'il soit d'épée ou de plume. Son art reste au Poète en une époque vile. Il sait demeurer grand, même à peindre le Mal : Le sage Auguste avait, pour le chanter, Virgile, Mais tout Néron, toujours, trouve son Juvénal. Le Régent Lune vint, et Saint Sermon parut. Du reste, l'occasion n'était que trop tentante. On n'a en effet pas tous les jours la chance de voir le Père Ubu régner sur la Cour du Roi Pétaud Comme son illustre ancêtre, devancier et modèle qui observait les dessous de Versailles par l'imposte du célèbre il de Buf, Saint Sermon est donc venu, - il a vu et ne fut point convaincu. Aussi, plutôt que d'en être le vain thuriféraire, d'en célébrer les fausses gloires, d'en chanter les pompes mensongères, s'est-il résolu à tenir, et à nous livrer la chronique des faits et gestes de cette Cour qui, pour être celle du Régent Lune plutôt que du Roi Soleil, n'en recèle pas moins tout autant d'inépuisables richesses en fait d'intrigues, de lâchetés, de faux-semblants, ainsi qu'en matière de vices de toute nature et de travers de tous ordres. Chronique scandaleuse, peut-être, mais qui se veut avant tout - malgré tout ! - joyeuse. Chronique de trois cents jours d'usurpation et d'imposture. Chronique d'un an de disgrâce qui frappa le pauvre Royaume de Courtoisie et qui, comme dans l'Andromaque de Racine, risque bien d'être désormais pour tout un peuple une nuit éternelle. Hypocrite lecteur (comme disait le seul « Grand » Charles de France : Baudelaire), tu le sais bien, d'ailleurs, que selon la formule consacrée : toute ressemblance ne serait fortuite qu'aux regards de ceux-là qui auraient vraiment la rage de vouloir garder leurs yeux bien confortablement au chaud, dans leurs poches"