Résumé
Dans la mythologie grecque, Ouranos ( Οὐρανos: « celui qui fait pleuvoir ») est une divinité primordiale personnifiant le Ciel et l'Esprit démiurgique. Ce livre fait suite à Gaia, premier livre (et grand succès) de Thierry Cheyrol, paru en 2017 à La 5e Couche. Gaia (la Terre) est l'épouse d'Ouranos.
Tel le Dieu de la Genèse séparant le firmament de la terre, Cheyrol se tourne (naturellement) vers les astres, après avoir exploré les entrailles fécondes de notre planète. Ainsi découvre-t-on une continuité, un isomorphisme, une «isoplastie», du bas et du haut (si tant est que ces mots aient encore du sens), du micro au macro.
Il est un mot galvaudé, dès qu'il s'agit d'aborder l'œuvre d'un auteur, qu'il faudra bien employer ici: Cheyrol nous délivre un Univers.
Des astres imaginaires et d'improbables aérolithes filent au long des pages, comme autant de motifs graphiques qui n'ont d'abstraits que l'apparence. Le dessinateur décrit des invasions, des connexions, des fusions, des propagations, des conflagrations et des conquêtes, dans un bouillonnement dont on ne sait s'il est cataclysmique ou créateur, à moins que ce ne soit la même chose. L'atome primitif en expansion suivra ses propres lois, celles de la thermodynamique, celles de la relativité, celles de la théorie des quantas, toutes incompatibles, suivant les règles contradictoires de la dissipation et de l'entropie, parvenant fatalement à leur Dessein fractal.
On y croise Hypérion, un Titan que l'on assimile au Soleil, qui a aussi donné son nom à une lune de Saturne.
La matière et les objets célestes envahissent les planches, glissent entre les cases (ou par-dessus), à travers le livre et débordent même du champ du livre. Cheyrol, démiurge ou simple témoin du processus créateur (le sien, pourtant), renouvelle les agencements de la page, recombine en permanence ses formes organiques et cosmiques.
Comme pour Gaia, Cheyrol a minutieusement programmé son récit. Les deux livres comptent tout deux 121 planches et sont d'emblée envisagés sur cette durée précise.
L'avant-propos est signé Fernand Fernandez.