Résumé
On pourrait dire, paraphrasant Magritte: ceci n'est pas un livre de souvenirs. Que le lecteur ne s'apprête à y trouver ni la nostalgie larmoyante, ni l'égotisme satisfait, ni la teinte sépia qui font les succès du genre. L'art de Savinio est celui de la digression, de la flânerie poétique, de l'érudition désinvolte, de l'humour métaphysique. Remarquable artificier du langage, ses images explosent à l'improviste au fil d'une prose impeccable, comme autant de clins d'oeil à ces surréalistes dont jadis il fut l'ami _ et auxquels il réserve ici ses flèches les plus féroces. Dans cette trentaine de textes rédigés lorsqu'il vivait à Paris (et dont le dernier, Paris-Silence, fut écrit directement en français), Alberto Savinio se fait le chroniqueur insolent d'une France en suspens entre deux cataclysmes guerriers, parvenant tour à tour à nous surprendre, nous attendrir, nous faire rire: nul ne sait comme lui mêler gravité et impertinence. Qu'il évoque Max Jacob ou Apollinaire, Mata-Hari ou le Mont-Saint-Michel, Colette ou Landru, qu'il analyse le déclin du théâtre français ou réprouve _ déjà! _ l'envahissante obsession diététique des descendants de Rabelais et de Vercingétorix, Savinio écrit toujours juste; et ses textes, dans lesquels André Breton voyait émerger "les fondements du mythe moderne", conservent, à un demi-siècle de distance, une fraîcheur inaltérée.
Alberto Savinio est né à Athènes en 1891 et mort en 1952 à Rome. Frère du peintre Giorgio de Chirico, il vécut longtemps à Paris, où il devint l'ami d'Apollinaire, de Cocteau, de Breton. Musicien, scénographe, auteur dramatique, metteur en scène, peintre, il est surtout connu en tant qu'écrivain (Toute la vie; Maupassant et "l'autre"; Hommes racontez-vous; Achille enamouré).
L'auteur - Alberto Savinio
Écrivain et auteur dramatique, musicien et peintre, de son vrai nom Andrea De Chirico (et frère cadet du peintre Giorgio), Alberto Savinio est né en 1891, en Grèce, et est mort en 1952 à Rome. Après la mort de son père, il mène une vie errante avec les siens : élève de Max Reger à Munich en 1911, pour la composition musicale ; à Paris ensuite, où il se lie d'amitié avec Guillaume Apollinaire, qui le fait collaborer aux Soirées de Paris. Il publie en 1914, en français, Les chants de la mi-mort, puis retourne en Italie au moment de la guerre et adhère au groupe néo-classique de la Ronda. En 1926, revenu à Paris, il s'adonne principalement à la peinture. Rentrant finalement en Italie vers 1934, il y mène ses activités diverses et fait aussi ses débuts d'auteur dramatique, avec décors et musique de son invention.
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