Résumé
Si l'histoire de ce siècle a gravé en lettres d'or l'extraordinaire vie du Général de Gaulle, les livres publiés sur son épouse ne sont pas légion. Dans Tante Yvonne, une femme d'officier, Florence d'Harcourt dévoile une épaisseur psychologique encore insoupçonnée d'Yvonne de Gaulle, défiant l'image de silhouette soumise que l'opinion a voulu lui prêter. C'est le portrait de la partenaire du Général qui vient à notre rencontre ; de nature douce mais ferme, dotée d'un bon sens de l'humour, il lui arrivait souvent de tenir tête à son mari. En avril 1921, la petite bourgeoise réservée ne pouvait concevoir d'autre vie que celle, tranquille et mesurée, auprès du valeureux capitaine avec lequel elle venait de sceller son destin. Mais il ne se passe pas longtemps avant que les hautes visées de son mari, impatient de se colleter avec l'histoire, l'entraînent dans son tourbillon et la propulsent sur le devant de la scène mondiale. Dans un acte de foi, elle vit alors ce qu'elle se refusait d'envisager quand elle était jeune fille: l'existence nomade d'une femme de militaire ballottée, au hasard des affectations de son mari, de garnison en garnison. Commence alors une interminable pérégrination de Beyrouth à Metz jusqu'à l'exil en Angleterre puis le retour en France. Dans l'épreuve, elle épaule le Général sans vaciller, veillant dans une attitude de prière et d'offrande. Au sommet de la gloire, dans sa dernière garnison, cet Elysée qu'elle n'aime guère, elle l'entoure encore et toujours de sa présence discrète. Notre avis : Grâce à ses archives familiales, Florence d'Harcourt reconstitue des scènes de la vie sociale ou privée, du couple gaulliste. L'écriture généreuse, théâtralisée, parfois haletante, s'investit dans une technique impressionniste, qui participe au tissage complexe d'une fresque de leur parcours mouvementé, jalonné d'incertitudes, de victoires et de revers. Au fil des pages se précisent et se fixent pour l'Histoire les traits de celle dont l'effacement est pourtant présence pleine, réelle force sans laquelle rien n'aurait été accompli. Elsa Sleiman, membre du comité de lecture