Résumé
"Je ne devrais pas l'être, et pourtant je suis un assassin", avoue le narrateur à regret. Comment devient-on meurtrier lorsqu'on est un instituteur sans histoires à Saint-Gabriel ? Romain, avant d'atteindre la quarantaine, a longtemps cherché un père. Elevé par une mère frivole, il n'a jamais connu d'autre femme. Mais aujourd'hui, Hélène est morte et Romain se retrouve seul. Seul dans la maison maternelle, seul face au vide, seul avec son secret. Dans ce récit en forme de double confession, Mathieu Belezi tresse le destin de deux êtres liés dans leur chair par le malheur et mus par leur haine du monde. Avec ce roman, ses personnages prennent place aux côtés de ceux de Simenon ou de Mauriac, dans la cohorte des humiliés et offensés luttant avec rage pour échapper à leur malédiction, mais sans cesse gouvernés par le remords. Lors des vacances d'été, un homme quitte son école de Saint-Gabriel et rejoint comme à son habitude la maison de son enfance. C'est dans un village du haut pays méditerranéen, où la pierre des rues se confond avec la pierre des montagnes, qu'il a vécu son enfance et son adolescence, auprès d'une mère passionnée et qu'il a passionnément aimée. À présent que sa mère est morte, il pourrait tourner le dos à tout ça. Il en a le désir, mais ne peut s'y résoudre. Cet homme se considère comme un assassin. Pourquoi ? Il va lui falloir plus qu'une main amie pour livrer son secret. Entre-temps, dans le reflux brutal d'un passé que les mots remontent inlassablement à la surface, la mère prend la parole. Du fond de ses draps mouillés de sueur, elle raconte avec quelle poigne de fer elle a mené sa vie, avec quels emportements elle s'est livrée aux hommes, avec quel amour elle a retenu son fils entre ses bras. Le fils homme anéanti, cherchant une issue au long des chemins roussis de chaleur, finira par trouver l'échappatoire : mais il lui faudra passer par la colère, la terrible fureur du démiurge qui hurle sa douleur, dresse sa faux, pointe son fusil. Mathieu Belezi partage sa vie entre Paris et la Méditerranée. Il est l'auteur d'une dizaine de romans dont C'était notre terre (Albin Michel, 2008). Après avoir été sur les listes des prix Femina, Goncourt et Médicis, ce livre a reçu cet automne le Grand Prix Thyde Monnier de la SGDL.