Résumé
Du beau, on n'a cesse, au fil des siècles, de remettre en question les critères et les conceptions : de faire varier les définitions Mais s'est-on jamais interroge sur ce préalable, déposé dans la langue, celui de pouvoir dire simplement : le "beau" ?
A-t on jamais sondé, en effet. sur quel socle enfoui le "beau" est juché ? Lui, la grande cheville ouvrière de notre métaphysique nous apprenant à quitter la diversité du sensible pour l'unitaire de "l'idée" ; comme aussi, en retour, nous frappant d'effroi - d'émoi - par son absolu faisant irruption à même le visible. Seule issue restante, dès lors, depuis que les dieux sont morts, pour nous forger un salut.
Or la pensée chinoise n'a pas isolé - abstrait - le"beau".
En faisant travailler cet écart, je souhaite dégager d'autres possibles ne se rangeant pas sous la monopolisation du beau ; par suite, explorer d'autres fécondités que l'art contemporain, en guerre ouverte avec le beau, peut rencontrer.
De quoi du moins sortir le beau des lieux communs qui l'épuisent : pour le rendre à son étrangeté.
Étrange : le beau a fini de s'imposer, de par le monde, jusqu'en Chine et au Japon, au moment même où sa notion, en Occident, commençait d'imploser - fin XIXe siècle, quand la mondialisation théorique a débuté.
Je choisis donc le beau comme terrain d'expérimentation faisant suite à mes précédents chantiers : pour y séparer la production singulière de son universel, inventive et même énigmatique comme elle est, de la standardisation de l'uniforme - le beau label ; comme aussi pour y vérifier une géographie possible de ce qui fait "Europe", se fondant sur son statut d'idéal.
Certes, on peut reconduire le foisonnement des formulations chinoises sous le concept engloutissant du Beau ; les livrer à sa dévoration.
Mais alors ce n'est plus lire ce que disaient les textes chinois ; ce n'est plus entrer dans leur perspective : on assimile ceux-ci au lieu de les traduire. Bref, on est resté chez soi - quitte à recouvrir ensuite ce fac similé d'un paresseux nappé d'exotisme.
Ces pages sont donc aussi, de ma part, une leçon de sinologie ; elles valent, "papiers sur table", comme Manifeste.
L'auteur - François Jullien
Philosophe, helléniste et sinologue, titulaire de la chaire sur l'altérité à la Fondation Maison des sciences de l'homme, François Jullien met ici un point d'orgue à la réflexion engagée à partir d'Une seconde vie (Grasset, 2016), poursuivie dans Dé-coïncidence (Grasset, 2017) et Si près, tout autre (Grasset, 2018).
Cette poursuite de l'inouï donne son nom et son titre au chantier ouvert par l'auteur à ses débuts, en passant de Grèce en Chine.
Autres livres de François Jullien
Caractéristiques techniques
PAPIER | NUMERIQUE | |
Éditeur(s) | Grasset | |
Auteur(s) | François Jullien | |
Parution | 17/03/2010 | 17/03/2010 |
Nb. de pages | 261 | 266 |
Format | 12 x 19 | - |
Couverture | Broché | - |
Poids | 200g | - |
Intérieur | Noir et Blanc | - |
Contenu | - |
ePub |
EAN13 | 9782246768111 |
9782246768197 |
ISBN13 | 978-2-246-76811-1 | - |
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