Résumé
Pour l'empire romain, le Ve siècle fut particulièrement tragique. Lorsque nous pouvons mesurer l'impact des invasions barbares à travers des écrits de cette époque, il nous semble que la disparition de l'empire fut relativement lente, mais aussi brutale et violente. Ce siècle, transition entre l'Antiquité et le Moyen-Âge, n'a pas été sans heurts. Dès 406, les Barbares franchissent le Rhin, inaugurent le dramatique phénomène des grandes invasions du Ve siècle. À partir de cette date, l'histoire de l'empire romain d'Occident en général et de la Gaule romaine en particulier réside en quelque sorte dans une continuité de ruptures, dans une suite de morcellements, d'éclatements, de fragmentations et de désagrégations progressives. De profonds bouleversements se font jour, d'ordre politique (passage de l'empire romain à des monarchies barbares), mais aussi social et culturel (transformation des coutumes, des habitudes vestimentaires et culinaires, de l'art, des techniques). Au moment où le pouvoir romain a besoin de l'unité et de la stabilité nécessaires à la lutte contre les Barbares, il semble au contraire déchiré par les rivalités intestines et meurtrières, lesquelles accélèrent sa décomposition. Le totalitarisme et l'autoritarisme des principaux empereurs se reflètent dans une bureaucratie rigide et complexe, lourde d'inégalités. La société subit d'implacables injustices, que le peuple endure. La ruine de l'empire se matérialise par la prise de villes, symboles concrets de la grandeur romaine et de sa pérennité. Trèves tombe vers 407, Rome en 410, Carthage en 439. Toutes les régions d'Occident sont touchées. La première moitié du Ve siècle est une suite de sacs et de pillages. L'empire est soumis à d'autres temps. Devant le phénomène des invasions, l'État romain, désemparé, se meurt. Certes, il compte encore des généraux efficaces qui luttent pour lui mais dans l'ensemble, au fil du Ve siècle, la survie de l'empire s'avère être un leurre. Quel fut l'impact moral de cette désillusion ? Le Gouvernement de Dieu de Salvien, prêtre à Marseille, en est une réponse.