Fils de curés

Paul Champs n'a pas de rancune : il accorde le pardon comme le faisaient les prêtres de notre enfance qui effaçaient alors nos petits péchés. Il pourrait pourtant m'en vouloir d'avoir complètement loupé une commande alors que, patron de l'entreprise "Marine And Petroleum Equipment" (MAPE) il avait confié en mai 1983 une mission au Centre de communication de l'Ouest que je dirigeais. Il s'agissait de tourner avec nos caméras, pour une fois à l'extérieur de la tour Bretagne à Nantes, les réalisations de cette entreprise sur une plateforme pétrolière en Adriatique, y compris à l'aide d'un hélicoptère.
Catastrophe. Pourtant compétent, notre spécialiste audiovisuel était revenu bredouille. Le tournage avait bien eu lieu mais, en ouvrant la boite, il n'y avait ni son, ni image. Le vide. Le néant. La honte. S'était-il davantage intéressé à l'hélico ? Un an plus tard ce caméraman défectueux - dont ce fut la seule bévue et qui était par ailleurs fort sympathique - redevint pilote d'avion, terminant sa carrière - excusez du peu - commandant de bord à Air-France. Sans pépin, ni frayeur. En plusieurs milliers d'heures de vol, il avait su alors appuyer sur les bonnes manettes. Ouf. (...)
Ce livre "Fils de curés" est un beau témoignage. (...)
En 1978 Paul Champs devient directeur général d'une filiale du groupe Elf-Aquitaine, spécialisée dans les équipements de plateformes pétrolières à travers le monde, entreprise qui sera par la suite rachetée à Elf et plus tard revendue à un groupe norvégien il en devient l'actionnaire principal en 1996. A ce titre Paul Champs parcourt régulièrement le monde notamment les zones pétrolières : Amériques, Golf, Afrique, Moyen-Orient et Chine. Ces voyages intercontinentaux ne lui font pas oublier le Vieuvy de son enfance, en particulier la ferme, devenue sa "propriété", dit-il avec humour. Il va régulièrement s'y ressourcer, précisant que c'est là qu'il est heureux. Il ajoute : "Mon épouse m'attend dans le cimetière de l'église romane". Ils s'y marièrent en 1962. La boucle est bouclée.
Renvoi d'ascenseur. Dans les années 1990, Paul Champs préside le conseil d'administration de l'Icam de Nantes, installée à Carquefou, école d'ingénieurs voulue par les collectivités régionales et locales avec le concours de la Chambre de commerce et d'industrie dirigée alors par Claude Mauffret. Et où tient-il la conférence de presse pour les dix ans de cet établissement ? Sans rancune, au Centre de communication de l'Ouest (CCO), tour Bretagne à Nantes.
Encore l'influence des "curés" de son adolescence ? Paul Champs s'implique dans des associations pour les jeunes défavorisés, ce qui lui vaudra l'Ordre national du mérite, remis par le préfet Charles-Noël Hardy...

Extrait de l'Avant-Propos par Jean Amyot d'Inville