Résumé
A l'issue des guerres de l'Empire napoléonien, le congrès de Vienne redessine de nombreuses frontières à travers l'Europe. Pendant près d'un siècle, cette reconfiguration offre au continent européen une relative stabilité, entre Etats, qui favorise la révolution industrielle, le développement des entreprises, les échanges commerciaux et la croissance économique du XIXe siècle.Parmi les exceptions qui tranchent avec l'équilibre européen qui prévaut au XIXe siècle, la guerre qui éclate en 1870 entre la France et la Prusse conduit, pour la France, à la perte de l'Alsace et de la Moselle au profit de l'Allemagne naissante. A l'issue de la Grande Guerre, les traités de 19191923 visent à sceller la paix mais les traitements différenciés sur le plan territorial entre les vaincus du conflit, en particulier entre l'AutricheHongrie et l'Allemagne, suscitent des interrogations sur les motivations qui les soustendent. Le règlement des frontières à la fin de la Deuxième Guerre mondiale permet à l'Union soviétique de concrétiser ses ambitions territoriales, en Europe orientale, en dépit des aspirations des peuples qui passent sous son contrôle dans le cadre des nouvelles délimitations territoriales. Le "rideau de fer" évoqué par Churchill en 1946 illustre l'idée que l'influence de Moscou dépasse le cadre des frontières nouvellement dévolues à l'Union soviétique.Le démantèlement du "rideau de fer" et la chute du mur de Berlin en 1989 puis l'implosion de l'Union soviétique en 1991 ébranlent les frontières de nombreux pays, tandis que l'éclatement de la Yougoslavie (19911999) en crée de nouvelles. Dans l'intervalle, la mise en place de l'espace Schengen en 1995 paraît éloigner l'idée même de frontières que la pandémie sanitaire liée au virus COVID19 réactive en 2020. Au gré des circonstances et du règlement des conflits, les frontières surgissent, demeurent, se désagrègent avant de connaître, parfois, une réactivation. Autant de perspectives contrastées qui invitent à réfléchir sur leur sens, leurs enjeux et leur portée.Ludovic Laloux, professeur en histoire moderne, Université Polytechnique Hauts de France. Centre de recherche interdisciplinaire en sciences de la société.Frédéric Dessberg, maître de conférences en histoire contemporaine, Université de Paris 1 PanthéonSorbonne; détaché aux écoles de SaintCyr Coëtquidan. Directeur du pôle "Défense et sécurité européennes" du Centre de recherche des écoles de SaintCyr Coëtquidan (CREC SaintCyr) et membre de l'UMR SIRICE.Stéphane Palaude, docteur en histoire contemporaine, membre associé du Centre de recherche interdisciplinaire en sciences de la société à l'Université Polytechnique Hauts deFrance.