Résumé
«Ruysbroeck sait, à son insu, le platonisme de la Grèce; il sait le soufisme de la Perse, le brahmanisme de l'Inde et le bouddhisme du Thibet; et son ignorance merveilleuse retrouve la sagesse de siècles ensevelis et prévoit la science de siècles qui ne sont pas nés. Je pourrais citer des pages entières de Platon, de Plotin, de Porphyre, des livres Zends, des Gnostiques et de la Kabbale, dont la substance presque divine se retrouve, intacte, dans les écrits de l'humble prêtre flamand.
Il y a ici d'étranges coïncidences et des unanimités inquiétantes. Il y a plus; il semble, par moments, avoir exactement supposé la plupart de ses prédécesseurs inconnus; et, de même que Plotin commence son austère voyage au carrefour où Platon effrayé s'est arrêté et s'est agenouillé, on pourrait dire que Ruysbroeck a réveillé, après un repos de plusieurs siècles, non pas ce genre de pensée, car ce genre de pensée ne sommeille jamais, mais ce genre de parole qui s'était endormi sur les montagnes où Plotin ébloui l'avait abandonné en se mettant les mains sur les yeux, comme devant un immense incendie.» (Maurice Maeterlinck)
Jean Van Ruysbroeck est né l'an 1274, à Ruysbroeck, petit village entre Hal et Bruxelles. Il est d'abord vicaire en l'église de Sainte-Gudule; puis, sur les conseils de l'ermite Lambert, il quitte la ville brabançonne et se retire à Groenendael (Vallée-Verte) dans la forêt de Soignes, aux environs de Bruxelles.
Il fonde l'abbaye de Groenendael. C'est dans cette retraite, qu'attirés par l'étrange renom de sa théosophie et de ses visions surhumaines, des pèlerins, le dominicain Jean Tauler et Gérard le Grand, entre bien d'autres, viennent d'Allemagne et de Hollande, visiter l'humble vieillard et s'en retournent, pleins d'une admiration dont ils nous ont laissé le souvenir dans leurs oeuvres.
Il est mort le 2 décembre 1381 et ceux de son temps l'ont surnommé l'Admirable.