Résumé
La Sorcellerie ou Magie Noire, qu'ailleurs nous définissons «la mise en oeuvre, pour le Mal, des forces occultes de la Nature», diffère de la haute et divine Magie en trois points essentiels: elle s'en distingue d'abord par la diversité d'intention, puis par le degré de science ou d'ignorance des moyens employés, enfin par le contraste des résultats obtenus. Mais, - nous l'avons noté dans un autre livre et n'y saurions trop revenir, - Mage et Sorcier plient aux buts les plus discords, aux oeuvres les plus disparates, un même agent qui leur est commun à tous deux - l'Astral.
Voilà l'Astral - fourche ignée aux griffes de Satan, glaive de flamme aux mains du Kéroub. Nous pourrions ajouter, dans l'esprit d'une savante école de gnose: voilà l'Astral - agent pantomorphe et convertible; tantôt Satan lui-même, lorsqu'il subit les forces collectives du Mal; tantôt, quand il est mu par les puissances providentielles, lumière de gloire des élus et corps mystique du Saint-Esprit.
Une étude consciencieuse de l'Astral doit embrasser ces deux aspects contradictoires, d'où il résulte que la Clef de la Magie Noire ne donne pas seulement accès dans l'édifice des sciences réprouvées, mais peut ouvrir aussi le temple - sinon le sanctuaire - de la haute et divine Magie. Pourquoi le temple et non le sanctuaire? - C'est qu'abstraction faite du plan astral, que nous savons commun par essence aux adverses milices du Ciel et de l'Enfer, le mage est actif sur d'autres plans encore, parfaitement inconnus des fauteurs de sortilège. De pareilles altitudes ne se révèlent accessibles qu'à l'essor de l'aigle ou de la colombe mystiques ; mais, hiboux ou vautours de l'Arcane, jamais les immondes cohortes n'en souilleront l'éther immaculé .
Ne t'étonne donc point, Ami Lecteur, de rencontrer, presque à tous les feuillets du présent tome, des théories qui intéressent également les hiérophantes de la lumière et de la nuit. Sur toute chose, garde-toi de croire tous les principes éternels de la Kabbale et de la sainte Magie condensés en ce tome II. Il ne renferme qu'en mode indirect leurs moins sublimes enseignements: nous n'outrepasserons guère à cette fois la zone temporelle, qu'en notre troisième Septaine il nous faudra délibérément franchir, pour élucider, dans la mesure permise de nos efforts, le terrible Problème du Mal.
L'auteur - Stanislas Guaita
Stanislas de Guaïta (6 avril 1861 - 19 décembre 1897) est un occultiste et poète français, cofondateur avec Joséphin Peladan de l'Ordre kabbalistique de la Rose-Croix.
Dès le lycée à Nancy, vers 1880, il se lie d'amitié avec Maurice Barrès. Guaïta prôna un spiritualisme exaltant la Tradition chrétienne, qui, grâce à la mise en place éventuelle de la synarchie - forme de gouvernement idéale -, devait conduire à l'avènement du royaume de Dieu. En 1888, dans le même esprit, il fonde avec Péladan l'Ordre kabbalistique de la Rose-Croix, dont fit aussitôt partie Papus. Parmi les membres on relèvera des noms passés plus tard à la postérité comme Erik Satie et Claude Debussy ou encore le banquier des artistes, Olivier Dubs.
Satie semble avoir été le compositeur attitré de l'Ordre. On lui doit entre autres une Sonnerie des Rose-Croix qui devait accompagner le rituel.
Intoxiqué par les stupéfiants, l'homme mourut prématurément, le 19 décembre 1897, à l'âge de 36 ans.
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