Résumé
Paris, 1940 : les Allemands, jeunes, beaux et bronzés, portent des appareils photos aussi souvent que des fusils et cèdent volontiers leurs sièges dans le métro. La France, divisée en 6 zones, est soumise à la répression du régime de Vichy, qui ouvre 350 000 lettres en moyenne par semaine et met les conversations téléphoniques sur écoute. Hostile aux Allemands et plutôt favorable à Pétain, la population risque quelques plaisanteries - « la collaboration, c'est : donne-moi ta montre, je te dirai l'heure » - et se réfugie au cinéma ou à la pêche. Bien peu s'insurgent contre la loi du 3 octobre sur le statut des juifs. Intellectuels et artistes inaugurent quant à eux une période faste de la vie culturelle parisienne : plus de 400 pièces seront jouées (Sartre, Camus, Montherlant, Anouilh, Cocteau, Guitry, Claudel, Giraudoux...) et 220 films seront tournés en quatre ans. Puis le régime de Vichy se durcit. L'Occupation dure. Quelles sont alors les réactions des Français ? Julian Jackson montre combien le clivage résistants-collaborateurs déforme une réalité bien plus complexe. Difficile d'imaginer aujourd'hui qu'il s'est trouvé des résistants pétainistes, comme des pétainistes pro-britanniques et anti-allemands, voire des résistants antisémites. L'historien anglais rend en outre hommage aux femmes qui furent nombreuses à s'engager dans la résistance, même s'il n'y en eut que 6 parmi les 1 036 résistants décorés de l'Ordre de la Libération. Il restitue aussi leur vraie place aux étrangers, notamment les Polonais, les Italiens et les Espagnols. Trois ans après l'armistice, la France n'est peut-être pas une société de résistants, mais elle est devenue, pour Julian Jackson, la « société de résistance », dont de Gaulle pourra prendre la tête. Ce livre-somme nous plonge au coeur des « Années noires », dont il embrasse les dimensions intellectuelles, culturelles, politiques et sociales. Mobilisant les recherches les plus récentes, en France et à l'étranger, il dresse une cartographie fine de notre passé, loin de la survalorisation gaulliste de la résistance comme du dénigrement de la France pétainiste. « Une somme indispensable à qui souhaite mieux comprendre cette période dans son ambivalence. » (Libération) « Quiconque s'intéresse à la période devra lire Jackson. » (Le Monde des livres)