«Il fallut quitter la bonne maison et sortir aux heures les plus matinales, pressé par le vertige de l'or, le corps sabré de vertus, de promesses non tenues, de désordres. C'était l'heure d'arracher les victoires à leurs béances crédules et de risquer tout parmi les vivants. Je partis le soir même pour le Nouveau Monde.»
Sortir de soi : c'est la condition qui rend possible toute rencontre. Sans ce mouvement, le monde ne se constituerait pas autour de nous. Il faut voir chaque rencontre comme une ouverture sur une région de l'être qui demeurait jusque là cachée à notre regard. Dante a rencontré Béatrice et il a vu en elle la Beauté en soi - la Sagesse. Il y a quelque chose de cela dans l'expérience que rapporte Jean Maison. Une rencontre dans une rue de Philadelphie, aux États-Unis, et l'espace et le temps se sont élargis - l'universel s'est comme concentré dans le particulier : il a pris un visage. Quelque chose du «nouveau monde» perce dans Le boulier cosmique - celui qui récapitule tout ce que nous avons aimé. Il nous attend au bout du voyage et pourtant il apparaît déjà pour ceux qui ont des yeux pour le voir.
«La préhistoire peut enfin approcher, dans sa beauté première, avec ses cromlechs, ses vasques douloureuses, ses martyrs aux jeux désaxés, ses épuisantes sablières. La lumière retrouverait chacun à sa place, avant de reprendre l'ordre de la vie.»
Jean Maison est poète et auteur de plusieurs recueils parus notamment chez Rouverte. Il a publié Le premier jour de la semaine aux éditions Ad Solem.