Le livre des histoires perdues

Le livre des histoires perdues de Bambert
par Reinhardt Jung


Le roman :
Très beau recueil de nouvelles ou de contes enchâssés dans une grande histoire, avec un côté fantastique dans la grande tradition de Buzatti (Le K), Kafka et Edgar Allan Poe.
L'histoire qui "encadre" les autres :
Bambert est un homme à l'allure de nain : très petit, difforme, obligé de marcher avec une canne. Il vit solitaire dans son appartement, qu'il ne quitte jamais. L'épicier du rez-de-chaussée lui livre ses courses à domicile, via l'ascenseur. Bambert est écrivain. Il a écrit dix histoires dans son grand cahier et il ne lui reste plus que quelques pages, qu'il décide de laisser blanches (pour qu'elles racontent elles-mêmes leur histoire). Un soir de désespoir, Bambert décide d'envoyer ses histoires visiter le monde. Il commande à l'épicier onze montgolfières chinoises miniatures. Il démantibule son cahier et fixe une histoire à chaque ballon, en espérant qu'elles iront très, très loin, et puis qu'on les lui renverra quand elles auront trouvé "leur cadre", l'endroit où elles doivent réellement se dérouler. Une nuit, à trois heures du matin, Bambert envoie ainsi ses onze histoires à l'aventure.
Puis il attend, patiemment, longuement. Les mois passent, puis les saisons. Enfin, une de ses histoires lui revient, puis une autre. Les histoires sont présentées au lecteur dans l'ordre dans lequel elles "reviennent", et Bambert les adapte (noms de lieux, de personnages) en fonction de l'endroit où elles ont été trouvées.

Les histoires :
L'oil dans la mer : Un enfant aperçoit, en pêchant, un énorme rocher qui semble le regarder. Le rocher se met à lui parler et le remercie de lui avoir sauvé la vie quand il était tout petit. Perplexe, l'enfant parle de cette rencontre à son père qui lui explique que, quand il avait son âge, son propre grand-père avait sauvé une baleine.
La princesse de Cordoue : La fille du roi de Cordoue a décrété qu'elle n'épouserait que la personne qui lui donnerait la clef de la vérité. Elle éconduit le prince qui lui apporte du vin, celui qui dit que la peur mène à la vérité, et celui pour qui seul l'argent est vrai. Mais ensuite, il n'y a plus personne...
La lumière mouvante : Les écrivains, les poètes et les philo sophes dissidents sont enfermés dans les geôles du Kremlin. À midi, quand quelques rayons de soleil brillent dans le cachot, un enfant se met à écrire dans un grand cahier. Interrogé, il explique qu'il décrit leur plan d'évasion.
L'écharpe de soie : L'apprenti Jean-Baptiste trouve un jour une bouteille dans la Seine. Il l'ouvre et découvre qu'elle contient une écharpe ainsi qu'un message disant Cette écharpe sera trouvée dans la Seine, Quai d'Orsay, par Jean-Baptiste, vers midi, le 14 juillet 1851.
Figé dans le temps : Que représente exactement, dans le palais Bertini de Venise, cet étrange tableau montrant le reflet d'une belle demoiselle contem plant, de son miroir, un vieil homme à la chevelure blanche accompagné d'une jeune fille absolument horrible ?
Le cabinet de cire : Un jeune garçon est engagé pour entretenir les figu rines de cire d'un musée de Londres... figurines qui s'animent une fois la nuit tombée.
Le jeu étrange : À Sarajevo, un enfant dessine dans le sable des scènes de bombardements. Certaines représentent des événements passés, d'autres le moment présent. D'autres, encore, l'avenir.
Le vol des poupées de Paris : En se promenant près de la mer, une petite fille découvre des dizaines de poupées brisées, échouées près d'une dune. Elle entreprend de les réparer.
Les radeaux de verre : Une troupe d'hommes en uniformes conduisent à la pointe de leur fusil une étrange procession d'enfants en pyjamas, qui ont tous le crâne rasé et le visage vieilli.
Chaussettes rouges, manteau noir : Dans une contrée où la famine sévit, un enfant décide d'imiter les corbeaux, en s'installant dans un arbre, vêtu d'un manteau noir et de bas rouges.

Ce qu'il faut en penser :
Les histoires se suivent et ne se ressemblent pas. Le lecteur est chaque fois plongé dans un univers très différent, mais le retour régulier à Bambert donne une belle unité à l'ensemble. Atmosphère réaliste avec des éléments fantas tiques qui donnent une impression ouatée, étrange, onirique, décalée, et qui nous font accéder au cour des choses. Le lecteur est porté, transporté, ravi, charmé, enchanté. Mais aussi surpris, intrigué, inquiété... On voudrait que la littérature n'offre que des bonheurs comme celui-là.
Le livre des histoires perdues de Monsieur Bambert est un des grands classiques de la littérature autrichienne contemporaine ; il a été traduit dans de nom breuses langues. Restait le français.
"Poignant et magique. Le cadeau idéal pour ceux qui aiment les histoires." (Daily Telegraph)
"Lisez ce chef-d'ouvre absolu, magique, émouvant, magnifique et fascinant." (Daily Telegraph)

L'auteur :
Né en 1949 en Allemagne, Reinhardt Jung a d'abord travaillé avec une organisation internationale en rapport avec l'enfance avant de di riger une émission radio dédiée aux enfants, à Stuttgart. Il est mort en 1999.

La traductrice :
La traductrice, Emmanuèle Sandron, est auteur, traductrice littéraire et anima trice d'ateliers d'écriture. Elle enseigne la traduction littéraire à l'université de Liège. Pour Alice Jeunesse, elle a traduit Le jour où j'ai rencontré un ange, Moi et Finn, Mistik Lake, L'Arche part à 8 heures, J'ai le vertige, Je suis un phénomène et La question de 10 heures du soir.