Résumé
Les Temps difficiles (Hard Times for These Times) est le dixième roman de Charles Dickens, un court roman paru non pas en publications mensuelles comme les précédents, mais en feuilleton hebdomadaire dans sa revue Household Words, du 1er avril au 12 août 1854. Roman social, il a pour cadre la ville fictive de Coketown (image de Manchester, le grand centre textile, et de Preston où Dickens a séjourné durant la grève de janvier 1854) et montre les difficultés d'adaptation des deux classes sociales (la bourgeoisie d'affaires et les ouvriers) à la nouvelle économie issue de la révolution industrielle. L'auteur y dépeint avec un réalisme dénonciateur une classe ouvrière asservie, misérable et moutonnière, abrutie par le travail répétitif, livrée aux démagogues professionnels, que domine une bourgeoisie pragmatique et utilitariste, avide de profits et de pouvoir, persuadée de la nature quasi divine de ses droits et forte de la bonne conscience qu'elle puise dans les lois de l'économie de marché, mais dont il analyse les alibis et présente les travers avec une ironie mordante.
Résumé :
M. Gradgrind a donné à ses enfants Tom et Louise, une éducation rigoureuse, sans tendresse, ne laissant place ni à l'imagination, ni à la rêverie, comme il nous l'explique: «Ce que je veux, ce sont des faits. Enseignez des faits à ces garçons et à ces filles, rien que des faits. Les faits sont la seule chose dont on ait besoin icibas.». Louise épouse M. Bounderby, l'ami de M Gradgrind, riche industriel parti de rien et fier de sa réussite. Il emploiera Tom dans sa banque comme comptable. Le destin semble tracé pour tout le monde, quand un nouveau personnage entre en scène, M. Harthouse, un jeune dandy qui a beaucoup d'influence sur Tom. De plus un vol survient à la banque de M. Bounderby. Un honnête ouvrier, Étienne Blackpool, est accusé du vol, mais qui est réellement le coupable?... Roman le plus engagé de Dickens, nous plonge dans les débuts de la révolution industrielle qui transforme l'aimable campagne anglaise en un pandémonium d'usines, de canaux, d'installations minières, de fabriques, d'entrepôts, de banlieues misérables, où survit un prolétariat totalement exploité. Sous un ciel de suie, Coketown, la ville du charbon (Manchester en réalité), est d'autant plus l'image de l'enfer que la classe ouvrière n'y est pas encore organisée et qu'elle apparaît ainsi comme la victime toute désignée de politiciens sans scrupules et d'une bourgeoisie, parfois compatissante et troublée dans son confort moral, mais toujours persuadée de la divinité de ses droits. Le roman de Dickens correspond point pour point à l'analyse qu'en ces mêmes années et dans cette même Angleterre, Fr. Engels entreprenait de la naissance du capitalisme moderne.