Le présent volume propose une rigoureuse analyse de la pensée philosophique et politique de Louis de Bonald, l'un des principaux protagonistes de l'élaboration théorique et de l'action politique contre-révolutionnaire, ennemi implacable de la philosophie des Lumières, et fin critique de la modernité.
L'auteur, parcourant l'oeuvre de Bonald et commentant certains de ses passages les plus significatifs, met en évidence les principales thématiques, allant de la sainte alliance entre politique et religion à la crainte aveugle de toute dissidence, de l'origine divine du langage au modèle de société organiciste et hiérarchique, dont provient en grande partie la réflexion positiviste. Une attention particulière est accordée à la conception du pouvoir, qui implique le lien conceptuel indissoluble entre la sanctification de l'unité et l'obsession de l'ennemi, ainsi qu'à la philosophie de l'histoire (complexifiée par la coexistence entre une conception anthropologique radicalement négative et la confiance en un ordre providentiel nécessairement tourné vers une perfection définitive).
Au-delà de ses contradictions, la théorie contre-révolutionnaire, dont la réflexion de Bonald de par son caractère systématique et de sa cohérence est un point de référence incontournable, est non seulement « l'exemple le plus formidable de justification et de défense d'un ordre social menacé » (H. Marcuse), mais est aussi, dans son ambitieuse tentative de développer une théorie complète de la société et de résoudre les contradictions de la modernité, un objet d'étude de grand intérêt permettant de mettre en lumière ces ambivalences et déterminer la nature de l'alternative politique radicale entre conservation et progrès, unité et pluralité, ordre et liberté.
Giorgio Barberis enseigne l'Histoire de la pensée politique contemporaine à l'Université du Piémont Oriental (Italie). Il est l'auteur de différents essais en histoire et dans le domaine de la philosophie politique contemporaines, ainsi que des ouvrages intitulés Il Regno della libertà. Diritto, politica e storia nel pensiero di Alexandre Kojève, Napoli 2003, Sulla fine della politica, Milano 2005.