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Sarah - Tome 1 + livret gratuit
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Librairie Eyrolles - Paris 5e
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Sarah - Tome 1 + livret gratuit

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Marek Halter

295 pages, parution le 20/03/2003

Résumé

"Un jour, je me suis demandé si l'absence de regard féminin sur la Bible n'était pas à l'origine de tous les malentendus qui suscitent tant d'interrogations et de débats parmi les hommes. Aussi ai-je essayé de relire la Bible à travers les femmes. Brusquement tout changeait. Les événements historiques retrouvaient leur place, les invraisemblances disparaissaient." M. H.

Longtemps, pour moi, le cycle des saisons a tourné sur lui-même sans laisser de trace. Un jour suivait un autre, mon corps n'en portait pas la marque. Je ne m'appelais pas encore Sarah, mais Saraï. On disait de moi que j'étais la plus belle des femmes. D'une beauté qui faisait peur autant qu'elle attirait. Une beauté qui a séduit Abram dès son premier regard sur moi. Une beauté qui ne se fanait pas, troublante et maudite comme une fleur qui jamais n'engendrera de fruit.
Quelle est donc la longue histoire de cette femme si belle qui accompagna Abraham, père du monothéisme, sur les routes de Mésopotamie, de Canaan et d'Égypte ? Épouse aimante d'un homme promis par Dieu à fonder un grand peuple, Sarah traverse toutes les épreuves de la stérilité : le sentiment de culpabilité, le mépris, l'adultère, le choix de l'adoption ou de la mère porteuse... Passionnée et bouleversante, elle est l'une des héroïnes les plus modernes de la Bible.

Sommaire

Longtemps, pour moi, le cycle des saisons a tourné sur lui-même sans laisser de trace. Un jour suivait un autre, mon corps n'en portait pas la marque. Cela a duré des années et des années. Je ne m'appelais pas encore Sarah, mais Saraï. On disait de moi que j'étais la plus belle des femmes. D'une beauté qui faisait peur autant qu'elle attirait. Une beauté qui a séduit Abram dès son premier regard sur moi. Une beauté qui ne se fanait pas, troublante et maudite comme une fleur qui jamais n'engendrerait de fruit. Il n'y avait pas un jour où je n'exécrais cette beauté qui ne me quittait plus.Jusqu'à ce que Yhwh, enfin, efface le geste terrible qui fut la cause de tout. Une faute commise dans l'innocence de l'enfance, pour l'amour de celui qui s'appelait alors Abram. Une faute, ou une parole que je n'ai pas su entendre dans l'ignorance où nous étions.Le soleil est haut maintenant. À travers les fines aiguilles des cèdres et les feuilles dansantes du grand peuplier, il chauffe mon vieux corps. Je suis devenue si menue désormais que je pourrais me vêtir de mes longs cheveux qui n'ont jamais blanchi. Un corps tout petit mais qui abrite tant et tant de souvenirs. Tant d'images, de parfums, de caresses, de visages, d'émotions et de mots que je pourrais en peupler toute la terre de Canaan!J'aime cet endroit. Ici les souvenirs jaillissent en moi comme une cascade abreuve la rivière. L'air frais qui vient de l'intérieur de la grotte effleure ma nuque et ma joue avec la tendresse d'un murmure familier. Par instants il me semble que c'est là mon propre souffle, celui que Yhwh a retenu hors de moi cette nuit.En vérité cet endroit est un clou dans le pilier du temps, pareil aux clous de poterie qui signent la présence des âmes dans les murs splendides de ma ville d'Ur.Il y a deux nuits j'ai reçu un autre signe de Yhwh. J'ai fait un rêve les yeux grands ouverts. Mon souffle était encore paisible mais mon corps rigide et froid. Dans l'obscurité de la tente, sans même la blancheur de la lune pour jouer avec les tissages des toiles, j'ai entendu soudain le frappement que font les outils de métal contre des pierres. J'ai entendu des voix d'hommes au travail. Je me suis demandé à quoi ils pouvaient bien travailler en pleine nuit tout près de la tente des mères. J'ai voulu me lever pour aller voir. Mais avant que je puisse prendre appui sur mon coude j'ai vu. J'ai vu avec mes yeux ce que l'esprit des rêves seul fait voir. Ce n'était plus la nuit mais le jour. Le soleil illuminait la falaise blanche et l'entrée de la grotte de Makhpéla. C'était là que travaillaient des hommes depuis la première lueur du jour. Ils montaient des murs. Des murs solides, épais. À l'entrée de la grotte, ils élevaient une belle façade, ajourée d'une porte et de fenêtres. Une maison de pierre aussi splendide qu'un palais d'Ur, d'Eridu ou de Nippur. Une demeure que j'ai reconnue immédiatement.Ils construisaient notre tombeau.Celui d'Abraham et de son épouse Sarah.Je serai la première à y prendre place. Mon bien-aimé Abraham y allongera mon corps pour je puisse enfin accéder à la paix de l'autre monde.Mon rêve s'est effacé. Les coups de marteau sur les pierres ont cessé. Mes yeux se sont ouverts sur l'obscurité de la tente. Rachel et Lesha dormaient à côté de moi d'un souffle paisible.Cependant le sens de ce rêve est demeuré en moi. Nous, tous ceux à qui le dieu invisible d'Abraham s'est fait connaître, ce peuple nombreux désormais à qui il a offert son Alliance pour l'éternité, nous ne connaissons que les villes de tentes, ces cités du désert, du vent et de l'errance. Pourtant moi, Sarah, je suis née dans une maison de trente pièces, dans une ville qui en comptait des centaines pareilles et dont le plus beau des temples était aussi haut que la colline de Qiryat Arba. Les murs de son enceinte étaient plus épais qu'un bœuf.Toute ma vie, alors que je suivais Abraham dans les montagnes où naît l'Euphrate, alors que je marchais à son côté à la recherche du pays de Canaan, et encore jusqu'en Égypte, jamais je n'ai vu de ville aussi splendide que l'Ur de mon enfance. Et jamais je ne l'ai oubliée.Pas plus que je n'ai oublié ce que l'on m'y a enseigné : que la puissance des peuples de Sumer et d'Akkad résidait dans la beauté et la solidité de leurs villes, dans la puissance de leurs murs, la perfection de leurs canaux et bassins, dans la magnificence de leurs jardins.Abraham m'a écouté sans me quitter des yeux.– Il est temps que notre peuple construise des murs, des maisons et des villes, ai-je déclaré. Qu'il s'enracine dans cette terre. Souviens-toi comme nous avons aimé les murs de Salem. Comme nous avons été éblouis par les palais de Pharaon. Mais dans ce camp, dans le camp du grand roi Abraham, l'homme qui entend la parole de Yhwh et qui sait s'en faire entendre, les femmes tissent encore les toiles des tentes comme elles le faisaient dans le clan de ton père Terah, aux pieds des murailles d'Ur, dans l'espace réservé aux Mar.Tu, les "hommes sans ville". Alors, lorsque le jour s'est levé, je suis allée voir Abraham. Tandis qu'il mangeait je lui ai raconté ce que j'avais vu dans mon rêve. Il m'a écouté sans me quitter des yeux. Un sourire a fait frémir sa barbe. Il a dit :– Je sais que tu as toujours regretté les murs de ta ville.Il a pris mes mains dans les siennes et nous sommes restés un long moment comme cela. Deux vieux corps soudés par les mains et des milliers de mots de tendresse qu'il n'est plus nécessaire de prononcer. Enfin, j'ai dit ce que je voulais dire depuis que mon rêve s'était effacé :– Quand je cesserai de respirer je veux que tu enterres mon corps dans la grotte de Makhpéla, sur la colline de Qiryat Arba. Le jardin qui l'entoure est le plus beau que j'ai vu depuis celui du palais de mon père. Ils appartiennent à un Hittite du nom d'Ephrôn. Tu les lui achèteras, je sais qu'il ne repoussera pas ton offre. Quand mon corps sera enfoui sous la terre, tu feras venir des maçons de Salem ou de Bersheva. C'est encore mieux s'ils possèdent le savoir des maçons de Pharaon. Tu leur demanderas de construire à l'entrée de la grotte les plus beaux murs, les plus solides qu'ils savent bâtir afin d'élever le tombeau d'Abraham et de Sarah. Ce sera la première maison de notre peuple. Il se réunira ici nombreux et confiant. Isaac et Ismaël seront là aussi. La main dans la main. N'est-ce pas à nous, avec l'aide de Yhwh, d'assurer l'avenir?Abraham n'a pas eu besoin de m'assurer qu'il fera selon mon vœu. Je sais qu'il en sera ainsi car il en a toujours été ainsi.Aujourd'hui je peux attendre en paix de perdre mon souffle. Attendre et me souvenir. Les arbres qui sont devant moi me rappellent le jardin merveilleux de la maison de mon enfance. Il n'y a pas de vent et pourtant les feuilles du peuplier, au-dessus de moi, tremblent, emplissant l'air d'un bruit de pluie. Sous les cèdres et les acacias, la lumière danse avec un ruissellement de plaquettes d'or. Un parfum de lys et de menthe se pose sur mes lèvres. Des hirondelles jouent et pépient au-dessus de la falaise. Cela était en tout point identique ce jour-là. Ce jour où le sang a coulé pour la première fois entre mes cuisses. Ce jour où a commencé la longue vie de Saraï, fille d'Ichbi Sum-Ùsur, fille de Taram.


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Caractéristiques techniques

  PAPIER NUMERIQUE
Éditeur(s) Robert Laffont
Auteur(s) Marek Halter
Parution 20/03/2003 28/06/2012
Nb. de pages 295 -
Format 15.6 x 24.2 -
Couverture Broché -
Poids 620g -
Contenu - ePub
EAN13 9782221095867 9782221119358

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