Résumé
De nombreuses commémorations ont marqué le dixième anniversaire des attaques terroristes du 11 Septembre. Parmi celles-ci, le colloque « Du 11 au 12 septembre, l'Individu et l'État face au terrorisme », qui a eu lieu à l'ambassade de France de Washington les 11 et 12 Avril 2011. Ce colloque voulait aborder le sujet en faisant preuve d'une triple originalité.
Une approche résolument transdisciplinaire : de nombreux experts ont été appelés à s'exprimer, venant du monde des neurosciences, de la psychanalyse, de la psychiatrie, de l'histoire sociale, orale et culturelle, mais aussi des juristes, des historiens du droit, ou bien encore des spécialistes de sciences politiques ou de politiques publiques.
Une approche à la fois rétrospective et prospective, car le 11 Septembre ne fut pas un événement isolé. D'un point de vue rétrospectif, il constitue l'une des nombreuses étapes tragiques de l'histoire protéiforme du terrorisme, justifiant de croiser les points de vue des historiens de l'histoire sociale et du droit. Parce que l'acte terroriste concerne aussi bien son auteur que sa victime, le retour d'expérience des spécialistes en traumatologie est également apparu nécessaire. Si l'on se tourne cette fois vers l'avenir, il est essentiel de questionner le potentiel et les limites de la réaction sociale face au terrorisme, ainsi que les possibilités curatives ouvertes par les neurosciences.
Une approche s'élargissant progressivement. Telle un premier cercle concentrique, se trouve abordée la construction personnelle de la victime du traumatisme, grâce à la mobilisation de diverses dynamiques cérébrales. Dans un second cercle, vient la construction par le biais de l'intermédiation, qui comble le fossé entre l'individu et la société, et permet au premier d'obtenir de la seconde la reconnaissance de son statut de victime. Le législateur s'efforce de codifier les dommages liés aux stress post-traumatiques ou aux souffrances endurées, il édicte des mesures en vue de leur indemnisation, et adapte les incriminations ou les règles de procédure pénale afin de conférer aux victimes le statut juridique qu'elles requièrent. Telle un troisième cercle, intervient enfin la construction collective, là où la mémoire se façonne par les témoignages et les images qui composent, grâce à leur accumulation, le récit modelant notre compréhension de l'événement. À ce stade, l'état lui-même dépasse son rôle d'intermédiation en faveur des victimes, pour devenir également l'artisan de sa propre mémoire.
L'impact de ces trois approches a été amplifié par la nature binationale du colloque, des chercheurs américains et français s'étant retrouvés afin de rédiger ensemble ce nouveau chapitre transatlantique du Partner Université Fund « Mémoire et mémorialisation », destiné à promouvoir les projets de recherche portant sur les liens qu'entretiennent l'histoire et la mémoire
Among the commemorations that marked the tenth anniversary of the terrorist attacks of September 11th was held the conference September 11th-12th, the Individual and the State Faced with Terrorism (French Embassy in Washington D.C. April 11th and 12th, 2011). This new trans-Atlantic chapter of the program Memory and Memorialization (Partner University Fund) was original in three ways :
A transdisciplinary approach, calling to speak specialists in neuroscience, psychoanalysis, psychiatry, history, but also legal experts, law historians, even political science and public policy specialists ;
An approach at once retrospective and projective : September 11th is calling upon the competence of social as well as legal historians and the experience of psychological development of trauma specialists ;
An approach with a growing focus : the personal construction of the victim, whose trauma ends ; construction via intermédiation ; collective construction, by the big narrative that shapes our understanding of the évent ; and finally by the State itself that crafts its own memory.