The night of loveless nights

Robert Desnos

The Night of loveless nights

édition fac-similé préparée par

Marie-Claire Dumas & Damiano De Pieri

postface de Damiano De Pieri

À mon cher Georges ce livre dont il connaît l'histoire... c'est par ces mots que Robert Desnos rend hommage à Georges Malkine dans la dédicace datée 20 février 1930 d'un exemplaire de The Night of loveless night offert à son ami. Celui-ci le conserva jusqu'à sa mort survenue en 1970. Il ne pouvait qu'être très attaché à ce livre dont non seulement il connaissait l'histoire mais dont il a partagé l'histoire car il avait illustré les mots de ce poème, le plus long de Robert Desnos. The Night of loveless nights est donc le fruit de la collaboration entre celui qui fut le « prophète » du surréalisme selon les mots d'André Breton en 1924 et celui qui fut l' « explorateur » des pays du rêve comme l'imagina Desnos lui-même, un « infatigable voyageur » qui fut aussi une sorte de météore dans le mouvement surréaliste . Ce livre est l'issue exceptionnelle de la rencontre entre le poète et le peintre et avant tout le témoignage d'une profonde amitié ainsi que d'une époque particulière allant de 1927, année de la première rédaction du poème, à 1930, l'année de sa parution.

Ce sont les années effervescentes de la rue Blomet où Desnos habita d'avril 1926 à 1931 dans l'atelier libéré par André Masson, non loin du mythique Bal Nègre aujourd'hui rebaptisé Bal Blomet. Dans cette cour du 45 rue Blomet où poussait un lilas parmi les herbes folles, véritable « phénomène parisien », selon Desnos, Malkine posait ses bagages entre deux voyages. Quand il s'installa à Paris à l'hiver 1925-1926, il finissait souvent ses nuits dans l'atelier après des soirées passées au Dôme ou à la Coupole pour un verre, à La Poule au pot pour un dîner et au bal Nègre pour un spectacle. Chez Desnos les deux amis continuaient leur discussion sur la vie et sur l'art et se livraient parfois à la création, l'un sous les yeux de l'autre, jusqu'au petit matin, emportés par leurs passions et la musique diffusée par le phonographe mais aussi par l'alcool et les drogues. Des séances d'ivresse parfois chaotiques, tumultueuses, mais aussi tourmentées. La personne chargée de l'entretien de l'atelier ajouta un jour un mot sur un papier portant sans doute un gribouillage de Malkine lui-même : « Monsieur Desnos je n'ai pas fait votre local pour que vous vous rendiez compte de la propreté de votre camarade. » Le dessin esquissé sur la feuille reste plutôt énigmatique et les lignes semblent y tracer des sinuosités géographiques comme des organismes biologiques. Desnos répliqua de sa main : « Souvenir d'un séjour de Malkine rue Blomet . » La rencontre humoristique survenue entre ce geste librement artistique et l'injonction autoritaire a sûrement amusé le locataire du lieu (extrait de la postface de Damiano De Pieri)

Tirage limité à 300 ex., 200 hc réservés aux membres de l'Association des Amis de Robert Desnos, 100 mis en vente par les Édition